Interview d'Anselma dell'Olio

Fellini ésotérique


Posté le 13.10.2020 à 10h56


 

La journaliste Anselma dell’Olio s’intéresse dans son documentaire Fellini degli spiriti aux penchants ésotériques du metteur en scène de La Dolce Vita.

 

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Quelle était l’importance de l’ésotérisme dans la vie de Fellini?

Son intérêt pour la spiritualité, les rêves, la métaphysique, l’ésotérisme ou l’occulte a toujours été immense. L’une de ses devises était : “Il faut savoir reconnaître les signes”. À ses yeux, il suffisait de rester conscient, éveillé et perspicace afin de parvenir à interpréter les signes du quotidien. Il avait un sixième sens très développé, une intuition, une sensibilité et une étrange habilité à “lire” à l’intérieur des gens. Il lisait votre âme. Sans blague. Je ne suis pas la seule à avoir expérimenté cela. Sur le tournage de Ginger et Fred, j’étais à ses côtés quasiment tous les jours pendant deux ans. Nous sommes longtemps restés amis. Et nous allions rarement quelque part sans avoir consulté le Yi King au préalable !

 

Les signes influaient-ils sur sa vie quotidienne ?

Il adorait les voitures : avec Mastroianni, ils étaient en compétition pour avoir la voiture la plus luxueuse du moment. Or un jour, dans les années 1970, il faillit écraser un enfant surgi de nulle part. Par miracle, Fellini freina juste à temps. Alors qu’il sortait de la voiture en état de choc, un homme lui fit part de son intérêt pour sa Mercedes Benz. Il lui vendit sur le champ et ne conduisit plus jamais. Certains diront que c’était de la superstition. Moi je dis qu’il faisait attention aux bons signes, et qu’il était merveilleusement intuitif.

 

Et sur ses films ?

Il consultait l’oracle Yi King quotidiennement, souvent avant de filmer une scène. Il adorait rendre visite aux lecteurs de tarots, voyants, télépathes ou sorciers. Il voyait tous les mages dont il avait eu vent, et ce au moins une fois. Ceci dit, il savait parfaitement détecter s’ils étaient sincères. Les rêves étaient une source constante d’inspiration. Il adorait Jung, qu’il surnommait le “scientifique-voyant”, pour son attention au spirituel et à l’inconscient. 

Mon but à travers ce film est d’offrir une « nouvelle paire de lunettes » aux spectateurs, de leur permettre de vraiment voir les films de Fellini, d’une façon plus complète et profonde, de façon à déceler leur contenu spirituel, ésotérique et métaphysique.

Chacun de ses films, du tout premier, Les feux du Music-Hall (1950), l’un de mes favoris, au dernier, La voce della luna (1990), est imprégné de signes métaphysiques. Il avait peur de la maladie mais pas de la mort. Quand quelqu’un s’ouvrait à lui de sa peur de mourir, il répondait : « Vous n’êtes pas curieux de savoir comment les choses vont tourner ? ».



Propos recueillis par Charlotte Pavard

 


Fellini degli spiriti d’Anselma dell’Olio, 2020, (1h40)

UGC Confluence ma13 17h15

 

Catégories : Lecture Zen