The Chess Game of the Wind

 (Mohammad Reza Aslani, Shatranj-e baad, 1976)

 


Posté le 9.10.2020 à 15h05


 

Réalisé en 1976, trois ans avant la révolution islamique, The Chess of the Wind met en scène une société iranienne à bout de souffle, symbolisée par une famille bourgeoise aisée qui se livre, à l'intérieur d'une grande maison, à un véritable jeu de massacre autour d'un héritage.

 

CHESS_visuel

 

Mohammad Reza Aslani livre un film truffée de visions prodigieuses, d'idées impressionnantes où tout, absolument tout, êtres vivants comme objets semblent agissants. La maison, ses escaliers, son mobilier, le fauteuil roulant en bois aux roues graphiques, sont ensorcelants. Ils émettent des sons mats et séduisants comme une respiration prenante qui scande l'action. Les êtres humains, tous d'âges, de complexions différents, s'y disposent comme des éléments quasi inertes avant de tout à coup déclencher une violence impossible à éviter. On pense à Violence et passion de Luchino Visconti réalisé à la même époque, à ce que la fin d'une ère politique et morale dans un pays, génère au creux des espaces privés. La dimension perse évidemment agit avec quelques trouvailles poétiques et dérangeantes, métaphore du délitement sociétal à venir, avec cette séquence où l'on recouvre un corps ramassé sur lui-même, d'une magnifique cloche de verre teintée avec une précision très solennelle. Très romanesque au sens hollywoodien du terme, The Chess Game of the Wind tranche avec la cinématographie de ce pays habituellement plus ethnologique.

 

Virginie Apiou

 

 

Catégories : Lecture Zen