Remous

« Remous remonte à un souvenir d’enfance, mais sans mort d’homme, racontait István Gaál (1933-2007) aux Cahiers du cinéma (n°178, mai 1966). À l’époque de notre enfance, nous jouions à de tels jeux stupides au bord de la Tisza. Tout le contenu émotionnel de Remous a mûri en moi bien des années avant que je puisse lui donner forme. La rupture avec le film traditionnel ne peut que reposer sur la mise à l’écran d’impressions personnelles. C’est seulement ainsi que nous pouvons nous rapprocher du cinéma dit ²poétique² ». Il s’agit du premier film du cinéaste hongrois, formé à l’Ecole supérieure du cinéma de Budapest et au Centro Sperimentale de Rome, et qui, tout au long de sa carrière, va alterner fictions et documentaire.

Ses films se font le porte-parole d’une jeunesse qui n’a connu que les paradoxes du socialisme, un nouveau dogme social d’égalité qui n’a guère renforcé la fraternité – comme les amitiés de jeunesse de Remous, qui se désagrègent face au drame. Après avoir remporté le Grand Prix au Festival de Karlovy Vary 1964, le film est présenté au premier Festival du Nouveau Cinéma de Pesaro, créé avec le soutien actif de Bernardo Bertolucci et Pier Paolo Pasolini, où il fait forte impression. « La beauté et l’originalité du film tiennent à son masque de sérénité et de classicisme, qui se déchire parfois pour laisser éclater, comme une réalité contenue par le rêve et le brisant, les images et les formes les plus abstraites, les lumières les plus brillantes ou les plus sombres que le cinéma ait connues depuis longtemps » (Jean-Louis Comolli, Cahiers du cinéma n°169, août 1965)