Rouge

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« Ce film porte une dimension autobiographique, explique Farid Bentoumi en mai 2020. J’ai vécu dans le milieu ouvrier, j’ai fait des grèves et des blocages d’usines avec mon père, délégué syndical, et ma mère, syndicaliste dans l’enseignement. Je m’en suis servi pour Rouge. Les usines qui polluent, qui ferment, les ouvriers qui doivent déménager du jour au lendemain, le chômage, les 3/8, on a vécu tout ça. Mon père est parti à la retraite à cause d’un accident du travail, certains de ses amis sont morts de l’amiante… » 

Comédien passé à la réalisation, Farid Bentoumi s’est fait remarquer par son court métrage Brûleurs (2011), puis par son premier long métrage, Good Luck Algeria (2015), une comédie inspirée du parcours de son frère, sélectionné algérien en ski de fond aux JO d’hiver de Turin. Il passe au thriller social avec ce second film, portrait d’une lanceuse d’alerte qui doit dénoncer les pratiques de l’usine où travaille son propre père. Le film ne cache rien de la complexité des situations des petites entreprises, à l’heure du nécessaire virage écologique, mais il raconte aussi une émouvante relation père-fille, et notamment le moment où la confrontation entre deux adultes est enfin possible.

« Nour, c’est une Antigone moderne, poursuit le réalisateur. Elle pense à juste titre qu’elle a son mot à dire. Son engagement se situe dans cette prise de parole des femmes, mais il n’est pas lié à ses origines. Alors que chez Slimane, c’est bien sa double condition d’ouvrier et de Maghrébin qui l’a incité à se taire. Nour est infirmière, dans son métier aussi les médecins lui font la leçon. Souvent, les lanceurs d’alerte occupent des petits postes, ouvrier, intérimaire, informaticien, ce ne sont pas des cadres supérieurs. Rouge dit qu’à n’importe quelle place hiérarchique dans la société, on peut donner de la voix, dénoncer une injustice. »