Slalom

Premier long métrage de Charlène Favier et déjà de multiples sélections en festivals, dont la Sélection officielle de Cannes. Autodidacte, la cinéaste a expérimenté le court (dont un déjà avec Noée Abita) et le documentaire. À 24 ans, elle crée sa maison de production afin de soutenir les projets auxquels elle croit. Depuis, elle s’est formée au jeu, à la direction d’acteurs, et enfin au scénario, à la Fémis. Ce dernier atelier lui révèle l’aspect thérapeutique de l’écriture.

Film sur l’emprise psychologique, Slalom raconte la relation entre Lyz et son entraîneur. La jeune sportive est à la fois isolée car éloignée des siens, fragilisée, et déjà mature, car habituée à vivre seule. De bon coach, Fred devient peu à peu l’agresseur. Il domine : il est l'entraîneur, celui qui pousse à se dépasser, l’adulte, et l’homme guidé par son désir. Slalom capte les étapes traversées par Lyz, dont le corps, devenu objet de performance et du désir de l’autre, ne lui appartient plus vraiment, et dépeint les sensations physiques, s’appuyant davantage sur le langage des corps que sur les mots. La cinéaste filme les gestes, les regards. La photo teintée de bleu et la musique du collectif LoW Entertainment imprègnent le film d’une forte intensité. Les comédiens ont peu répété mais se sont longuement préparés, gardant ainsi la spontanéité de leur jeu et de leurs réactions. Les scènes de ski, entraînements et compétitions, sont remarquablement filmées.

Si le film n’est pas totalement autobiographique, il doit beaucoup à l’histoire personnelle de son auteure. Elle a décidé de placer son récit dans le milieu du sport, car, pour elle, « un corps qui souffre encore et encore pour échapper parfois aux lois de la gravité me semblait beau et nécessaire à filmer ». L’idée initiale était d’ouvrir le débat. En définitive, le film est plus engagé, dénonçant en creux l’omerta sur le harcèlement dans le sport. « Le cinéma est un medium idéal pour écouter, regarder, deviner ce qui n’est jamais dit, révéler les dieux et les démons qui se cachent au fond de nos âmes. Après mon adolescence chaotique, c’est le cinéma qui m’a permis de plonger à l’intérieur de moi pour sublimer mes traumatismes. Sur les tournages, j’ai trouvé une famille et un territoire où je pouvais enfin être au monde. Faire du cinéma est pour moi un acte de résilience. » (Charlène Favier)