Posté le 12.10.2020 à 18h36
Cette année ils sont deux à recevoir le prix Bernard Chardère : Christine Masson et Laurent Delmas qui animent ensemble le magazine de cinéma On aura tout vu sur France Inter.
Comme définissez-vous votre métier ?
Christine Masson :
Contaminer les autres, faire découvrir des films qu’ils n’iraient pas forcément voir au cinéma et se faire l’intermédiaire entre le public et les créateurs, leurs demander les questions que les gens voudraient poser.
Laurent Delmas : J’imagine être, comme le disait Serge Daney, un passeur. Quelqu’un qui fait la médiation entre un art et son spectateur avec cette idée d’être au milieu du guets sous différentes formes : entretien, reportage et critique, en ajoutant qu’il ne peut y avoir de passeur que passionné.
Que représente pour vous de recevoir le prix Bernard Chardère ?
L. D. : Ca me réjouit, c’est un prix très lyonnais, et Lyon est une ville que j’aime beaucoup car elle compte parmi les films français fondateurs de ma cinéphilie dont L’Horloger de Saint Paul (1974), Un Revenant de Christian-Jacque (1946) que j’ai découvert via Bertrand Tavernier et L’Armée des ombres de Jean-Pierre Melville (1969). Alors ce n’est vraiment pas rien de recevoir un prix ici. Et puis c’est aussi une reconnaissance de notre travail autour du cinéma.
C. M. :
Oui, recevoir ce prix dans la ville de la naissance du cinéma, c’est ça qui est important, c’est un privilège, et c’est aussi se rendre compte qu’après treize ans d’émissions, on a apporté notre petite note bienveillante mais critique.
Comment voyez-vous votre profession dans le futur ?
L. D. : C’est difficile à dire car tout est un peu brouillé en ce moment avec l’éclosion des réseaux sociaux qui a pour effet que tout le monde est un peu critique. Il va falloir sans doute attendre encore pour que cette situation se décante et que l’on comprenne que la parole critique est réellement le fruit d’une expertise nécessaire et utile. Il va falloir à l’avenir redevenir plus audible.
C. M. :
Je suis assez pessimiste sur l’avenir du métier, mais si je devais donner une lecture optimiste, je dirais que je souhaite que les cinémas se maintiennent, et que les gens continuent de rechercher des informations étayées, des propos de créateurs toujours plus profonds, du contenu qui tient sur la durée. Notre avenir tient à la résistance du cinéma, du grand écran et à la curiosité des gens pour en savoir plus.
Virginie Apiou