Posté le 17.10.2020 à 10h56
Des frères Lumière aux frères Dardenne. Comme un passage de témoin symbolique, et probablement pour l’éternité : Jean-Pierre et Luc Dardenne ont reçu vendredi le 12e Prix Lumière dans l’enceinte du centre des congrès de Lyon.
Copyright Institut Lumière / Léa Rener
« Ce sont vraiment des parents de cinéma. Merci tellement aux frères ! », a d’abord souligné Émilie Dequenne, leur actrice fétiche, celle de leurs débuts, avant que Thierry Frémaux ne lise l’éloge rédigé par Bertrand Tavernier à leur endroit. « Cette cérémonie était très émouvante ont ensuite déclaré Jean-Pierre et Luc Dardenne. Pour nous, ce prix a quelque chose d’unique. Pas seulement parce qu’on ne le reçoit qu'une seule fois dans sa vie. Il est le symbole d’un héritage unique : celui des frères Lumière. Ils filmaient la vie, les mouvement de la vie, des choses qui disent la vie. Le spectateur était à l'époque face à la mobilité de la vie, qui prenait alors une intensité beaucoup plus grande. On essaye de faire ça aussi, de rendre les personnages vivants. Vivre au diapason de la vie, c’est ça le cinéma et c'est ce que les Lumière nous ont appris. On essaye que le spectateur se sente devenir aussi plus vivant. »
La cérémonie a commencé par l’arrivée d’un prestigieux parterre d’invités, de Thomas Dutronc à Gabriel Yared, en passant par Abel Ferrara et, donc, Émilie Dequenne, qui a été particulièrement applaudie avant qu’une ovation ne submerge l’entrée des frères Dardenne sur un air de Jacques Brel : La Valse à mille temps. C’est un autre soliste, le compositeur de musique de film Gabriel Yared, qui s’est ensuite installé au piano pour interpréter deux morceaux écrits pour Le Patient anglais. « Moi aussi j’avais un frère, c’était le réalisateur Anthony Minghella », a-t-il expliqué à l’assistance avant de la subjuguer par son invention musicale.
Après la projection d’Omelia contadina (littéralement « Homélie paysanne »), un court métrage d’Alice Rohrwacher et JR sur la lente disparition des paysans et de quelques films tournés par les Frères Lumière, Jérémie Renier, l’acteur phare de plusieurs de leurs films, a rappelé dans un message vidéo « combien on rit sur les films des frères. Merci d’avoir fait ce que je suis devenu », a-t-il souligné, laissant la place à Jeanne Cherhal, qui a chanté Bruxelles, de Dick Annegarn. Maniant parfois l’humour, Jean-Pierre et Luc Dardenne ont enfin revisité leur filmographie en commentant une séries de photographies de plateau projetées sur grand écran. Le dernier moment musical, La Ballade du bon et des méchants, a été mené de main de maître par Thomas Dutronc et Gabriel Yared. Longue vie aux frères !
Benoit Pavan
Copyright Institut Lumière / Olivier Chassignole