Posté le 16.10.2020 à 17h56
Ovationné lors de l’avant-première de son dernier film « Adieu Les Cons », Albert Dupontel a régalé le public de la Comédie Odéon ce vendredi matin lors de sa toute première Master class. Humour ravageur, regard acerbe sur notre société, ce cinéphile hors pair s’est livré sans concession aux festivaliers. Un échange sincère et poétique, à l’image de ses films.
Copyright Institut Lumière / Olivier Chassignole
L’attrait pour l’imaginaire
Enfant, j’ai très vite compris que le comprenais plus la vie dans l’imaginaire que dans la réalité. Un de mes premiers souvenirs de cinéma, ce sont les films du dimanche soir : je me rappelle avoir été bouleversé lorsque j’ai vu Les Aventuriers de Robert Enrico, j’étais au bord des larmes. Plus tard, je suis passé de cinéphage à cinéphile en découvrant les films de mes idoles : Tati, Allen et bien sûr les Monty Python.
Faire voyager le public
Le cinéma que j’aime c’est un cinéma sensuel. Le cinéma me fait outrageusement voyager et c’est ce que je veux faire lorsque je réalise : je veux que les spectateurs s’évadent pendant une heure et demie. J’essaie, avec mes névroses, de vous distraire !
9 mois ferme
J’ai été surpris par le succès du film : il y avait des scènes gores, je me suis dit on va faire 200 000 entrées. Je m’étais gardé un rôle de marginale, Sandrine Kiberlain faisait un personnage intégré, différents des personnages de mes précédents films, quelqu’un auquel on peut plus s’identifier.
Les acteurs d’Adieu Les Cons
Nicolas Marié (Monsieur Blin) a fait des essais six semaines avant le tournage et il était formidable. C’est quelqu’un que je connais depuis trente ans, c’est un acteur incroyable. Virginie Efira faisait partie d’un groupe d’actrices avec lequel j’avais envie de travailler. La scène finale du film sur le parking, c’est elle qui l’a inventée, j’ai dû faire deux prises, pas plus.
Rencontre avec Gaspar Noé
C’est le réalisateur Nicolas Boukhrief qui m’a présenté Gaspar dans une boîte de nuit à Paris : là je vois un gars qui sautait de partout, c’était Gaspar ! Sur le tournage d’Irréversible, j’étais épaté par le personnage de Gaspar, c’est un homme extrêmement intelligent. Je le voyais avoir la larme à l’œil sur certaines prises. En tant qu’acteur, j’étais parfois déstabilisé sur le tournage, mais le film est très intéressant. Je l’ai vécu comme une expérience d’art moderne.
Le prochain film
Je travaille sur un projet de film : il s’agit de l’histoire d’un quadragénaire qui se présente à l’élection présidentielle… on se demande d’où m’est venue cette idée ! Ce personnage m’a été inspiré par un documentaire consacré à Robert Kennedy que j’ai vu sur Netflix.
Je suis un optimiste forcé !
La réalité est assez radicale, surtout en ce moment. Mais je ne suis pas un nihiliste, je suis un optimiste forcé ! Je crois profondément au genre humain. Je ne fais que raconter les histoires des petites gens perdus dans un système. Je commente l’époque que je traverse : et comme celle-ci est déviante, cela est retranscrit dans mon écriture.
Copyright Institut Lumière / Olivier Chassignole
Laura Lépine