Master class Thomas Vinterberg, le goût du risque

 


Posté le 121.10.2020 à 18h36


 

 

Invité d’honneur du festival, le cinéaste danois Thomas Vinterberg est revenu sur son parcours au micro du journaliste Didier Allouch lors d’une Master class tenue ce lundi. L’enfant timide devenu auteur de films coup de poing s’est livré avec générosité et non sans humour au public de la Comédie Odéon. Extraits choisis.

 

Dogme 95

Quand nous avons fondé le collectif Dogme 95, on m’appelait pour me dire que j’allais détruire le cinéma. Ce que nous voulions faire, c’est mettre à nu le cinéma danois, le purifier, il y avait ce sens de la révolte, ce goût de l’exploration. Quand on saute d’une falaise, il vaut mieux tenir la main de quelqu’un. Quand il y a du risque, du scandale, cela éveille la curiosité chez moi et si on peut faire cela ensemble, c’est encore mieux !

 

LA rencontre avec Ingmar Bergman

Lorsque le film a été récompensé à Cannes (Prix du Jury), Dogme 95 est devenu une marque : au Danemark, il y avait même des meubles « Dogma » ! Le risque avait disparu, le challenge aussi : cela a été une période compliquée, je ne savais plus où aller, ça m’a pris des années pour retrouver mon chemin. Lorsque j’ai rencontré Ingmar Bergman, il m’a donné un précieux conseil : « il faut toujours préparer le prochain film avant la sortie de celui sur lequel tu es en train de travailler ».

 

masterclass_thomas-vinterberg-mardi_rener-28Copyright Institut Lumière / Léa Rener

 

Remonter à la surface

Toutes les recherches que j’ai effectuées après Festen ont détruit ma carrière, ma situation financière et même mon mariage ! J’étais au fond de la piscine…et c’est un très bon endroit quand on est un artiste car vous n’avez plus rien à perdre. Le fait de réaliser le film « Submarino » a été un véritable rebond, je l’ai fait avec beaucoup de simplicité, je suis allé droit au but. Pas de manipulation, il n’y avait plus aucune raison de vous raconter de conneries !

Sa relation aux acteurs

J’écris toujours un scénario en pensant à des acteurs précis. Je ne tourne qu’avec des gens que j’admire. Il faut qu’il y ait ce sentiment de sécurité, de confiance entre nous pour qu’on puisse se dépasser et prendre des risques. Et quand vous êtes bien préparés, vous pouvez vous lâcher et laisser les choses incontrôlables se passer.

 

masterclass-thomas-vinterberg_mardi_rener-45Copyright Institut Lumière / Léa Rener

 

Drunk

Dans ma langue, on a beaucoup de mot pour dire « boire ». C’est vrai qu’il y a beaucoup de liquides dans mes films ! Mais Drunk n’est pas un film sur la boisson, c’est un film sur ce que cela veut dire de vivre. C’est aussi à propos de ce qu’on a perdu : le sens du risque, le goût de l’exploration. Il parle de comment on fait lorsqu’on a perdu cela. Il ressemble à un film que j’aurai pu faire quand j’avais la vingtaine. Il y a eu une tragédie dans ma vie et j’avais besoin de l’exprimer comme ça.

L’écriture

Cela fait maintenant trente ans que je consacre 70% de mon temps à l’écriture. Parfois je suis désespéré, parfois heureux, mais c’est hors de mon contrôle. Parfois, le texte s’écrit tout seul et là c’est une expérience merveilleuse : c’est à ça que je suis accro. Plus je vieillis et plus j’aime écrire. En ce moment je suis en pleine écriture pour la télévision, mais je ne peux pas en dire plus…


Laure Lépine

 

Catégories : Lecture Zen