La Chair et le Diable

(Clarence Brown, Flesh and the Devil, 1926)

 


Posté le 8.10.2020 à 15h50


 

Intelligemment ironique avec son héroïne méchamment fatale appelée Felicitas, (Greta Garbo à 21 ans), La Chair et le Diable est d'une force érotique qui ne cherche jamais l'esquive, mais redouble d'imagination symbolique.

 

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Les deux amants emportés par une danse en cercle, dont ils ne semblent jamais pouvoir sortir, jouent dès qu'ils le peuvent à quelques millimètres l'un de l'autre. Ils donnent la sensation très exaltante d'avoir besoin de boire leurs souffles respectifs en permanence. Clarence Brown réussit ce prodige de faire réellement croire que les deux comédiens, Garbo et John Gilbert, ne se préoccupaient absolument pas d'être filmés quand ils s'embrassaient. Leur naturel à s'approcher est fascinant. Cela tient sans doute peut-être à la liaison que les deux acteurs auraient entamé pendant le tournage. Résolument dérangeant, La Chair et le Diable bat au rythme des pulsions de l'héroïne qui ne vit que pour l'envie de la seconde suivante en se fichant du reste. Pour le prochain caprice, elle paraît perpétuellement tout sacrifier telle une garce inconséquente. Audacieux, Brown filme une Garbo peignoir entrouvert, imprévisible car incapable de supporter toute idée de frustration. Face à elle, les personnages masculins ne se posent jamais la question de qui elle est vraiment, mais plutôt de comment la posséder, passer du temps entre ses mains. Un jeu dangereux.

 

Virginie Apiou

 

 

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Catégories : Lecture Zen