Posté le 9.10.2020 à 11h48
"I'm sorry, that's the way things are", "désolé, les choses sont ainsi faites", voici le leitmotiv de The Strange Affair of Uncle Harry, réalisé par l'allemand naturalisé américain Robert Siodmak.
Rarement une histoire aura été aussi vacharde avec ses personnages, montrant pour toujours que la cruauté est vraiment un sentiment cinématographique.
De quoi s'agit-il ? Harry, la trentaine fine, vit avec ses deux soeurs dans une vaste maison. Un jour, une fille jolie, et célibataire affranchie débarque. Ils tombent amoureux, mais tout à coup le chien est empoisonné. Démarre alors un thriller amoral qui ne s'embarrasse pas avec la politesse. Énergique, Siodmak travaille la surprise avec un choix d'acteurs formidable. Harry tout d'abord est incarné par l'anglais délicieux George Sanders. Abonné aux rôles de salauds sophistiqués, il est ici un Harry totalement candide et manipulé, une nouveauté ! Mais le personnage le plus dingue est Lettie, soeur possessive et folle, d'Harry. Elle est incarnée par Geraldine Fitzgerald, une comédienne ravissante, spirituelle et d'autant plus dangereuse. Une idée inhabituelle quand on pense au nombre de personnages frustrés et diaboliquement intelligents, joués par des comédiennes ou comédiens enlaidi-e-s et vieilli-e-s. Eclairé dans un dégradé de gris vers le très sombre, impeccable pour un film noir, The Strange Affair of Uncle Harry porte parfaitement son titre et maintient un suspense et des surprises jusqu'au bout.
Virginie Apiou