Numéro une

Récompensée pour Vénus Beauté (Institut), Tonie Marshall était fortement engagée pour l'égalité femmes-hommes. Numéro une est, à l’origine, un projet de série télévisée sur un réseau de femmes d’influence, mais les chaînes restent frileuses, jugeant qu’il s’agit d’un sujet de niche. La série refusée, Tonie Marshall décide d’en faire un film, centré sur un seul lieu et une seule femme. Après s’être longuement documentée, avec l’aide de la journaliste Raphaëlle Bacqué, sur le fonctionnement des grandes entreprises, la cinéaste raconte une bataille pour le pouvoir, au sein d’une guerre pour l’égalité. « Captivant de bout en bout et d’une grande justesse sur les arcanes du monde industriel […], Numéro une prend l’allure d’un thriller économique où tous les coups sont permis et où les rapports humains sont le plus souvent définis par la violence. » (Franck Garbarz, Positif n°680, octobre 2017).

Emmanuelle Devos, impériale, incarne une héroïne qui admet avoir essayé, toute sa vie, de faire oublier qu’elle était une femme. Pour arriver à la place qu’elle convoite, elle doit s’approprier les armes de ses adversaires masculins, notamment celle du langage, afin de les neutraliser. Numéro une dénonce le sexisme général, en attaquant subtilement la misogynie du pouvoir.

« Tonie Marshall rend compte avec mordant des jeux de domination. Un embrouillamini d’intrigues et de complots qui verse agilement dans la fable politique à suspense. On se passionne pour cette héroïne qui peine à faire cohabiter tous ses "moi" – la femme de tête gaffeuse, la fille en conflit avec son père, l’amoureuse négligente – dont on espère un jour voir émerger le double épanoui dans la vie réelle. » (Emily Barnett, Les Inrockuptibles, 11 octobre 2017).