A History of Violence

À la suite de l’échec de son précédent film Spider (2002), pour lequel il n’a pas été payé, David Cronenberg est à la recherche d’un projet alliant un budget confortable et un bon distributeur. Parmi les scénarios qu’on lui propose, le réalisateur s’arrête sur l’adaptation du roman graphique A History of Violence de John Wagner et Vince Locke. Ce titre programmatique annonce un déchaînement de violence, qui explosera au grand jour après s’être camouflé derrière une idylle américaine, une famille paisible, une jolie maison de banlieue.

Racontant avec une glaçante virtuosité l’histoire d’une identité, Cronenberg ajoute à ce thriller hyper efficace un profond sentiment de malaise, sa signature. La menace du chaos plane sur un univers qui semble serein et la puissance du récit repose sur cette ambiguïté entre calme et fureur. Associant magistralement mise en scène et acteurs, A History of Violence sera l’un des plus importants succès du cinéaste.

« Il s’établit dans le film une sorte de suspens fascinant sur l’identité du personnage, entre l’image du père de famille au-dessus de tout soupçon usant de la légitime défense et celle de l’ancien truand, réputé pour sa folie meurtrière, qui aurait refait sa vie avant d’être rattrapé par son passé. C’est tout le vertige de ce film – vertige qui affecte en premier chef la famille du héros – que de suggérer qu’il n’y a pas même l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette entre ces deux histoires, mais qu’elles peuvent simultanément cohabiter et agir dans le corps et l’esprit d’un seul homme. » (Jacques Mandelbaum, Le Monde, 2 novembre 2005).