All the King’s Men

Célèbre réalisateur de A Touch of Zen (1971), qui lui a valu une reconnaissance internationale, King Hu livre avec All the King’s Men un récit historique d’une beauté sidérante sur la chute de la dynastie Zhou. Alliant humour et grâce, le film dresse le portrait de la société chinoise de l’époque, avec ses alliances, ses conflits et sa structure sociale. On reconnaît l’exigence et la précision de King Hu à travers sa mise en scène virtuose ; chaque jour, le cinéaste préparait ses story-boards pendant plusieurs heures avant de tourner une scène. 

Cette comédie pleine de suspense est traversée par une farandole de personnages truculents qui se croisent et se rencontrent, créant des situations rocambolesques. Entre modernité et tradition, All the King’s Men allie une intrigue foisonnante et élaborée à des décors et des costumes splendides.

Ce film marquera pourtant le déclin de la carrière chaotique de King Hu ; il réalisera par la suite trois autres longs métrages (dont The Swordsman en coréalisation) qui n’auront que très peu d’échos. Il s’éteindra en 1997.

« Au moment où, en même temps que la politique, se pose au cinéma le problème crucial de l’altérité, c’est-à-dire la présence de quelque chose qui résiste, qui ne soit pas simplement la vérification d’une pensée préexistante, tout le prix (et la difficulté) de All the King’s Men est de se présenter comme un bloc d’altérité : unité, ordre, cloisonnement, autant d’idéaux qui constituent le contrechamp naturel de l’Occident. Voilà un remède radical contre l’uniformisation qui menace le paysage cinématographique. C’est de plus en plus rare. » (Jean-François Pigoullié, Cahiers du cinéma n°446, juillet/août 1991).