Capitaine Alatriste

La légende raconte que c’est en constatant les lacunes de sa fille Carlota sur le Siècle d’or espagnol (le XVII^e) qu’Arturo Pérez-Reverte, ancien journaliste et correspondant de guerre, la chargea de réunir de la documentation pour inventer avec elle la figure complexe du capitaine Alatriste, soldat implacable quoique non dépourvu de valeurs. Père et fille cosignèrent le premier tome ; devant le succès, l’écrivain lui donna une suite, sous forme de six romans, dans la tradition historique façon Alexandre Dumas. Agustín Díaz Yanes, scénariste et réalisateur, a puisé dans les intrigues de plusieurs de ces romans afin de nourrir sa spectaculaire adaptation.

L’idée forte a été d’en confier le rôle principal à Viggo Mortensen, hispanophone depuis sa jeunesse en Argentine et au Venezuela, qui prête à Alatriste sa stature et sa riche ambiguïté. « Capitaine Alatriste n’est pas un simple film d’aventures, expliquait-il en juillet 2006. C’est beaucoup plus. C’est un film d’auteur de toute beauté, dont la réussite tient à ce qu’il honore l’histoire de l’Espagne et ceux qui l’ont faite, les artistes, les peintres, etc. Mais c’est un film qui ne ment pas : il ne dit jamais que le pays était admirable et sans reproches. »

Comme à son habitude, le comédien a préparé son rôle en séjournant en Espagne, notamment dans la province de León. « J’ai rencontré l’auteur, interviewé des historiens, lu deux biographies du capitaine Alonso de Contreras [militaire contemporain d’Alatriste qui a laissé ses mémoires] qui m’ont donné beaucoup d’indices : la vie d’un soldat au XVII^e siècle était pleine de surprises. Mais l’histoire pourrait se dérouler aujourd’hui : Alatriste appartiendrait aux forces spéciales et il aurait combattu en Irak ou au Panama au début des années 80… » Le héros de Pérez-Reverte a eu aussi les honneurs d’une série, El capitán (2013) diffusé en France sur Arte.