Chromosome 3

Réalisé en 1979, Chromosome 3 semble avoir toutes les caractéristiques du film de série B. Mais David Cronenberg, maître de l’effroi, en fait une œuvre extraordinaire, où coexistent dégoût et fascination. Chromosome 3 (dont le titre original, The Brood, signifie "la couvée "), rassemble les motifs chers au cinéaste : des difformités physiques et morales, une sexualité monstrueuse, des corps humains en mutation…

Pour François Guérif, Chromosome 3 appelle à souligner « la capacité du cinéma fantastique à traiter tous les sujets, même (et surtout) ceux qui paraissaient hier les moins transposables à l’écran, soit à cause des effets spéciaux, soit à cause des connotations sexuelles ou blasphématoires. » (Image et Son - La Revue du Cinéma n°345, décembre 1979).

Cronenberg décrit une mère maltraitée lorsqu’elle était enfant. Emplie de colère et de rancœur, elle couve une violence indicible, une monstruosité invisible qui grandit de jour en jour jusqu’à prendre vie et s’incarner dans une armée de créatures vengeresses qui répondront à la rage de leur génitrice par un déchaînement de fureur sanglante.

« Plusieurs éléments contribuent à faire de The Brood l’un des meilleurs films d’horreur des dernières années : en premier lieu, la réalisation de Cronenberg, impeccable du point de vue technique, même si, parfois, elle manque un peu d’imagination. Mais pour un film quasi médical, une précision scientifique dans les images représentées n’est pas un défaut, loin de là ! Avec The Brood, Cronenberg porte son style à un niveau qui fera de lui un réalisateur de niveau international. L’histoire elle-même, un peu longue à ses débuts, acquiert un tempo rapide à partir de la seconde moitié du film, et la dernière demi-heure nous donne un suspense sans failles et qui peut se vanter de nous garder cramponnés à notre fauteuil. Dans le genre, et parmi les récentes productions, seul Alien offre un tel exploit ! » (Jean-Marc Lofficier, L’Écran fantastique n°11, 4^ème trimestre 1979).