Thomas Vinterberg, tout jeune cinéaste danois, a déjà réalisé plusieurs courts métrages remarqués et un long, Les Héros (1996), avant de mettre en scène Festen, labellisé Dogma 1. Le film marque le coup d’envoi d’une vague venue du Nord. En 1995, alors que le cinéma fête ses 100 ans, le collectif Dogma 95 naît, à l’initiative de Lars von Trier, Kristian Levring, Thomas Vinterberg et Søren Kragh-Jacobsen : c’est une volonté de s’élever contre une certaine tendance du cinéma, en réaction aux superproductions anglo-saxonnes du moment. Dogma 95 est un manifeste pour la vérité, contre le cinéma individualiste, la prévisibilité dramatique et l’esthétique artistique d’un cinéma bourgeois.
Juste avant Lars von Trier et Les Idiots, Dogma 2, Thomas Vinterberg est le premier à respecter le "vœu de chasteté", consistant en dix règles établies par le collectif. Ainsi il renonce à la maîtrise de la technique : décors et lumières naturels, son direct, caméra portée à la main, unité de lieu et de temps sont exigés, et toute musique additionnelle est interdite… Jusqu’au nom du réalisateur, qui doit disparaître. La forme est imposée au film, elle détermine le sujet. Thomas Vinterberg vit ces contraintes comme libératoires, une source d’inspiration. Naît ainsi une beauté neuve, celle d’un amateurisme éclairé.
En prononçant son vœu de chasteté, Thomas Vinterberg s’engage : « Mon but suprême est de forcer la vérité à sortir de mes personnages et du cadre de l’action. Je jure de le faire par tous les moyens disponibles et au prix de tout bon goût et de toutes considérations esthétiques. » Dans cette famille Klingenfelt, issue d’une grande bourgeoisie au-dessus de tout soupçon, rancœurs, jalousies et traumatismes dissimulent la transgression ultime. Le jeu de massacre comme thérapie familiale est la seule issue pour parvenir à la vérité. Le cinéaste filme magistralement les expressions et les comportements dans ce film, corrosif, parfois potache, qui bouscule.
« La forme heurtée de Festen nous place au cœur de la fête, dont nous savons d’emblée que "le plat de résistance est une surprise"… Le classicisme de la narration en est une autre, qui oppose la tentation de rejeter l’étranger au désir sans cesse réaffirmé de la famille de faire corps autour du père, de reformer le cercle quoi qu’il soit advenu, en refusant obstinément de voir le mal en son sein. Particulièrement intense et magnifiquement interprété, Festen est un film d’équilibriste avançant pas à pas sur le fil des extrêmes. » (Eithne O'Neill, Positif n°455, janvier 1999)
Festen
Danemark, 1998, 1h45, couleurs, format 1.33
Interdiction aux moins de 12 ans
Réalisation : Thomas Vinterberg (non créd.)
Scénario : Thomas Vinterberg, Mogens Rukov
Photo : Anthony Dod Mantle
Musique : Lars Bo Jensen
Montage : Valdis Oskarsdottir
Production : Birgitte Hald, Nimbus Film Productions
Interprètes : Ulrich Thomsen (Christian), Henning Moritzen (Helge Klingenfelt, le père), Thomas Bo Larsen (Michael), Paprika Steen (Helene), Birthe Neumann (Else Klingenfelt, la mère), Trine Dyrholm (Pia), Helle Dolleris (Mette), Therese Glahn (Michelle), Klaus Bondam (le maître de cérémonie), Bjarne Henriksen (le chef), Lasse Lunderskov (l’oncle), Lene Laub Oksen (la soeur), Gbatokai Dakinah (Gbatokai), Lars Brygmann (le réceptionniste)
Présentation au Festival de Cannes : mai 1998
Sortie au Danemark : 19 juin 1998
Sortie en France : 23 décembre 1998
Distribution : Mission Distribution
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