Ibrahim

Copyright Anne-Françoise Brillot

Ibrahim est le premier film de Samir Guesmi, comédien d’abord remarqué au théâtre, notamment dans plusieurs mises en scène de Frédéric Bélier-Garcia, puis devenu au cinéma un acteur de complément très demandé. On l’a ainsi vu dans plus de soixante longs métrages, notamment dans Camille redouble de Noémie Lvovsky, qui lui vaut une nomination au César du meilleur second rôle masculin ou encore, en acteur principal cette fois, dans L’Effet aquatique, l’émouvant dernier film de Solveig Anspach.

Il réalise en 2008 un court métrage, C’est dimanche, où apparaît déjà le duo de personnages au cœur d’Ibrahim, un père et son fils qui communiquent difficilement. « Ibrahim a envie d’aller vers l’autre et il est empêché par lui-même, par sa timidité, une grande pudeur, des codes qu’il pourrait ne pas connaître, raconte Samir Guesmi en août 2020. Il rêve que cela change. Mais il se rend bien compte que les rêves ne sont pas la réalité. Il va provoquer les choses pour devenir acteur de sa vie. »

L’une des difficultés du projet était de trouver un jeune acteur susceptible d’incarner Ibrahim. « C’était compliqué, raconte le cinéaste, je projetais des images mentales dont je devais me détacher. J’ai rencontré Abdel Bendaher en allant observer les footeux au stade de la porte de Montreuil, un dimanche après-midi. Je savais qu’Ibrahim aimait le foot. J’ai remarqué trois gars qui sortaient et là j’ai vraiment vu Ibrahim. Je suis allé lui parler, c’était le plus méfiant, le plus sauvage, il m’a avoué ensuite qu’il pensait que j’étais flic. Ses essais se sont avérés incroyables. Je crois qu’un acteur est né. » Ibrahim a raflé quatre prix (meilleure musique, meilleur scénario, meilleure mise en scène, meilleur film) au récent Festival du Film francophone d’Angoulême.