Il court, il court le monde

Seul court métrage de fiction de Jean-Pierre et Luc Dardenne, Il court, il court le monde est leur premier scénario original. Ils placent l’action dans l’univers de la télévision, là où tout va vite, où l’ambiance est agitée. John court à toute allure entre l’émission qu’il prépare et Sophie, la femme qu’il aime.

Comme le dit un protagoniste, dans le clin d’œil final, « Être vu ou ne pas être vu, that’s the question. » Le film « énonce une peur – ne pas voir – et une certitude – il faut prendre le temps d’ouvrir les yeux. C’est une prise de position de cinéaste. Passer à côté du monde, préférer la rapidité à la réflexion, est ce qui va réunir les personnages de cette histoire qui est aussi une parabole. » (Jacqueline Aubenas, Jean-Pierre et Luc Dardenne, La Renaissance du livre)

Dans cette histoire de mouvements, les cinéastes laissent une place importante au son et à la voix off. Le ton est ironique, la caricature proche, pour moquer ouvertement le culte de l’immédiateté et de la parole vide de sens. « Illustration brève mais piquante de la crise de la parole dans la société médiatique (évoquée autrement dans Regarde Jonathan), diagnostiquée notamment par Serge Daney. » (Madeleine Mairlot, Il était une fois… Rosetta, éd. du Céfal)