Un couple à l’histoire mouvementée, une dispute, une disparition : une autre histoire naît, sur les cendres à peine refroidies de la première.
L’avventura fait partie de la légende du Festival de Cannes. Lors de sa projection, huées, cris d’orfraie : une véritable bataille d’Hernani. Dès le lendemain, des artistes, parmi lesquels Roberto Rossellini, adressent à Antonioni une lettre de soutien. Le film se verra récompensé du Prix du jury pour sa « remarquable contribution à la recherche d'un nouveau langage cinématographique ».
Car L’avventura rompt avec les conventions et le classicisme de l’intrigue encore en vigueur. Antonioni qualifiera son film de « policier à l’envers ». Dès le premier quart du film, le personnage principal disparaît. Une disparition prématurée et définitive, aussi bien physique qu’affective. Antonioni filme alors le désœuvrement, le vide existentiel, l’incommunicabilité des êtres, un monde sans certitude, où tous errent sans but. Les paysages arides, quasi lunaires, de Lisca Bianca apportent une beauté mystérieuse aux images. L’avventura est un choc visuel d’une insolente modernité.
Des années plus tard, Antonioni expliquera que pour un cinéaste, parler de son film, c’est surtout parler de son tournage. Celui-ci avait été pénible, les éléments et la Méditerranée déchaînés ajoutant aux difficultés. Il ne trouvait pas les mots pour qualifier son œuvre. Alors, de conclure : « Tout le monde se demande en voyant le film : où est Anna ? Il y avait une scène dans le scénario, qu’on a coupée ensuite je ne me souviens plus pourquoi, où Claudia, l’amie d’Anna, est sur l’île avec ses autres amis. Ils élaborent toutes sortes de conjectures sur la disparition de la jeune femme. Mais il n’y a pas de réponses. Après un silence, l’un d’entre eux dit : "Peut-être qu’elle s’est seulement noyée." Claudia se retourne brusquement : "Seulement ?". Ils se regardent tous d’un air effaré. Voilà, cet effarement est la connotation du film. » (Michelangelo Antonioni, Corriere della serra, 31 mai 1976, cité dans Écrits, éd. Images modernes).
L’avventura
Italie, France, 1960, 2h20, noir et blanc, format 1.85
Réalisation : Michelangelo Antonioni
Scénario : Michelangelo Antonioni, Tonino Guerra, Elio Bartolini, d’après une histoire de Michelangelo Antonioni
Photo : Aldo Scavarda
Musique : Giovanni Fusco
Montage : Eraldo Da Roma
Décors : Piero Poletto
Costumes : Adriana Berselli
Production : Raymond Hakim, Robert Hakim, Cino Del Duca, Société Cinématographique Lyre
Interprètes : Monica Vitti (Claudia), Gabriele Ferzetti (Sandro), Lea Massari (Anna), Dominique Blanchar (Giulia), Renzo Ricci (le père d'Anna), James Addams (Corrado), Dorothy De Poliolo (Gloria Perkins), Lelio Luttazzi (Raimondo), Giovanni Petrucci (le prince Goffredo), Esmeralda Ruspoli (Patrizia), Jack O'Connell (le vieux berger de l'île)
Présentation au Festival de Cannes : 15 mai 1960
Sortie en France : 14 septembre 1960
Sortie en Italie : 29 septembre 1960
Sortie le 28 octobre 2020
Restauration 4K dans sa version intégrale par la société Cinématographique Lyre, coproducteur d’origine du film, avec le soutien du CNC, de la Cinémathèque française, de Pathé et de l’Institut Audiovisuel de Monaco. Les travaux sont effectués par les équipes des laboratoires L’Immagine Ritrovata (Bologne), Hiventy (Boulogne-Billancourt) et L.E. Diapason (Paris).
Distribution : Théâtre du Temple
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