L'Entourloupe

Récompensé par le prix du public au Festival du film d’humour de Chamrousse, L’Entourloupe laissa la critique, pour le moins, circonspecte. Si certains considèrent le film comme méprisant, vulgaire, voire odieux – la volée de bois vert est conséquente – d’autres s’interrogent quand même. « Comment est-il possible de faire un film qui ne met en scène que des imbéciles, des médiocres et des débiles ? Comment est-il possible de montrer des paysans aussi caricaturaux, d’en faire des demeurés complètement abrutis et de vouloir en faire rire ? Au nom de l’humour, et de l’humour le plus noir sans doute. Mais à ce point, l’humour peut-il constituer une explication, sinon une excuse ? On se dira peut-être que ce qui est drôle n’est pas vraiment drôle, mais simplement grotesque et que les mauvaises plaisanteries, ou les plus ratées, sont les plus réussies quand on prend le recul nécessaire. » (Dominique Rabourdin, Cinéma 80 n°261, septembre 1980)

Il est certain que L’Entourloupe est féroce, porté par la plume de Michel Audiard. Dans ce portrait de losers, non pas magnifiques mais bien ridicules (Jacques Dutronc et Gérard Lanvin), de tocards dont le butin du braquage se résume à une boite de petits pois, la prestation du chef de gang (fantastique Jean-Pierre Marielle) est solide. Manipulateur détestable, cynique qui porte beau, Castelard dirige son équipe de bras cassés, formée pour vendre des encyclopédies aussi inutiles qu’onéreuses à des paysans qui n’en ont ni le besoin, ni les moyens. Ici, les héros sont des salauds et les plumés sont des ploucs caricaturaux. Tout le monde est ridicule, chacun en prend pour son grade. Alors, méchant, mordant, incisif certes, mais très généreux dans la satire !