Billetterie

La Lettre qui n’a jamais été envoyée

Neotpravlennoe pismo

de Mikhaïl Kalatozov , URSS , 1960

Fin des années 50. Des géologues soviétiques arpentent la taïga sibérienne à la recherche d’un gisement de diamants. Le chef du groupe, Konstantin (Innokenti Smoktounovski), rédige inlassablement une lettre à son épouse, tandis qu’à ses côtés, l’amour naissant entre ses deux collègues, Andreï (Vassili Livanov) et Tania (Tatiana Samoïlova), est observé par leur guide (Evgueni Ourbanski). Après plusieurs mois harassants, les chercheurs découvrent enfin un filon. Mais une catastrophe naturelle se produit : la taïga est engloutie par le feu, coupant le chemin vers la nourriture et le matériel. Commence une lutte pour survivre…

 

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C’est le film méconnu de Mikhaïl Kalatozov (1903-1973), entre sa Palme d’or de 1957, Quand passent les cigognes, et son hommage à la révolution castriste, Soy Cuba (1964). Il marque surtout la troisième collaboration du cinéaste avec l’immense chef-opérateur Serguei Ouroussevski, qui poursuit ses recherches plastiques avec une virtuosité jamais démentie, multipliant les mouvements d’appareil innovants et les surimpressions. « Quand la caméra court avec les personnages, c’est comme si elle en devenait elle-même un. Elle vit les mêmes sentiments qu’eux », explique-t-il (cité par Alexei Konovalov, in 1895 n°77, hiver 2015).

Cette ambition, jugée formaliste, rebute la critique française de l’époque. Les Cahiers du cinéma (n°121, juillet 1961) notent avec humour et méchanceté que « plus les grues volent haut, plus les cigognes volent bas ». Elle influencera pourtant le jeune Andreï Tarkovski, notamment dans L’Enfance d’Ivan (1962).

On ne mesure pas encore en quoi cette spectaculaire épopée sibérienne, un véritable "survival", pour adopter le vocabulaire des blockbusters d’aujourd’hui, renoue avec les débuts du cinéaste : son documentaire ethnographique, Le Sel de Svanétie, tourné en 1930 dans sa Géorgie natale, et plus largement les audaces visuelles de l’avant-garde soviétique des années 20.

Ici, les canons du « réalisme socialisme » – comme cette spectaculaire contre-plongée sur un corps au travail – sont mis à mal par une ambiguïté proche du nihilisme : tandis qu’ils attendent des secours, les explorateurs engloutis par une nature hostile enragent d’entendre à la radio de dérisoires discours de félicitations officielles. Plus que l’exaltation attendue du héros soviétique, le film montre le sacrifice d’une jeunesse frémissante, brisée dans son appétit de vivre.

La Lettre qui n’a jamais été envoyée (Neotpravlennoe pismo)
URSS, 1960, 1h36, noir et blanc, format 1.33

Réalisation Mikhaïl Kalatozov
Scénario Grigori Koltunov, Victor Rozov, Valeri Ossipov, d’après son récit
Photo Serguei Ouroussevski
Musique Nikolaï Krioukov
Montage N. Anikina
Décors David Vinitski
Costumes Leonid Naoumov
Production Mosfilm
Interprètes Innokenti Smoktounovski (Konstantin Sabinine), Tatiana Samoïlova (Tania), Vassili Livanov (Andreï), Evgueni Ourbanski (Sergueï).

Sortie en URSS : 27 juin 1960
Sortie en France : 15 mai 1961

Restauration 4K à partir de l'interpositif au laboratoire Mosfilm Cinema Concern. Producteur de la restauration : Karen Shakhnazarov.

Distribution : Mosfilm

 

Séances
Icone Billet 17ACHAT sa 17 10h45 - Pathé Bellecour
En présence de Régis Wargnier
Icone Billet 17ACHAT di 18 10h45 - Institut Lumière

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