Quatre ans après Goha (1958), Jacques Baratier adapte le roman La Poupée (1956) de Jacques Audiberti. L’originalité de cette comédie politique satirique déroutera la critique et le public. Échappant à toutes les catégories, La Poupée est une folie baroque et anticonformiste, aux dialogues délirants. « J'aurais souhaité aller beaucoup plus loin, et cela non par théorie mais parce que je crois que le public a envie de se régaler de spectacles nouveaux. Il me semble que l'art n'a pas d'autre raison que de donner l'exemple d'une démarche libre. » (Jacques Baratier, Le Monde, 8 novembre 1962).
Alors que le récit est censé se dérouler dans un pays imaginaire d'Amérique latine, les extérieurs sont tournés dans des terrains vagues et des bidonvilles de la banlieue parisienne (que le cinéaste réutilisera, en 1970, dans La Décharge et La Ville bidon) tandis que les intérieurs sont filmés dans des palaces et des cabarets abandonnés de la capitale. Portée par d'excellents acteurs, notamment Sonne Teal, célèbre travesti américain, La Poupée, d'une grande beauté plastique, offre un déchaînement de couleurs, de mouvements hypnotiques et de personnages fascinants.
« [La] mise en scène est la clé de voûte de La Poupée, c'est elle qui fait passer les faiblesses, les obscurités, les incongruités du récit. C'est elle surtout qui donne tout leur relief à certaines séquences, dont l'humour, la vivacité et l'intelligence nous enchantent. La fantaisie de Baratier n'a d'égale que son ingéniosité. Tout en puisant dans cet "immense magasin d'accessoires qu'est Paris", il a su créer un univers à mi-chemin de la réalité et du rêve, qui "colle" admirablement à ce folklore imaginaire qui caractérisait le roman d'Audiberti. Tout est faux dans La Poupée et pourtant tout est juste. » (Jean de Baroncelli, Le Monde, 10 novembre 1962).
La Poupée
France, Italie, 1962, 1h34, couleurs, format 2.35
Réalisation : Jacques Baratier
Scénario : Jacques Audiberti, d'après son roman éponyme
Photo : Raoul Coutard
Musique : Joseph Kosma, Bernard Parmegiani
Montage : Néna Baratier
Décors : Georges Koskas
Production : Jacques Baratier, Claude Jaeger, Films Franco-Africains, Como Films
Interprètes : Zbigniew Cybulski (le colonel Octavio Prado Roth), Sonne Teal (Marion, la poupée), Claudio Gora (Guillermo Moren, le banquier), Catherine Milinaire (Mirt Moren), Jacques Dufilho (la servante / la nourrice indienne), Sacha Pitoëff (Sayas), Daniel Emilfork (Gant de crin), Jean Aron (le professeur Palmas)
Présentation au Festival de Cannes : mai 1962
Présentation à la Berlinale : juin 1962
Sortie en France : 7 novembre 1962
Restauration de l’image et du son mis en œuvre par le CNC et réalisée par Hiventy, suivie par le CNC et supervisée par Diane Baratier. La restauration numérique est faite à partir des scans 4K du négatif original. Une copie 35mm issue de la restauration numérique a été tirée.
Ayant-droit : CNC-Diane Baratier
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