Après la douloureuse expérience de Je pense à vous, Jean-Pierre et Luc Dardenne renouent avec leur cinéma, mélange de fiction et de documentaire, une vision du réel, d’une vérité nue. « On est ancrés dans une réalité qu’on veut montrer. Mais, en même temps, on veut faire du cinéma. Alors, comment aller dans la fiction, tout en gardant le "brut" des gens ? En filmant à la brosse, plutôt qu’au pinceau. En n’ayant jamais une caméra démonstrative, militante. En ne posant jamais les personnages dans les situations. Ils n’ont pas le temps, alors la caméra non plus. » (Jean-Pierre Dardenne).
Roger est un salaud ordinaire, incarnant le cynisme à l’état pur. Il marchande la misère pour terminer la maison où il veut s’installer avec son fils. Igor, lui, ne voit pas le mal, et prendra naturellement la relève du trafic de son père. La mort d’Hamidou ne les perturbe pas outre mesure : accidenté, presque mort donc déjà mort, il est coulé dans le béton avec des gestes mécaniques. On évite ainsi les problèmes avec la police. Mais de la parole donnée à Hamidou naît l’éveil de la conscience morale chez Igor. Il découvre l’humain chez l’autre et l’inhumain chez les siens, et confronte la fidélité à sa promesse et la fidélité à son père. Sec, le film échappe à tout discours moralisateur.
Film brut et âpre sur une réalité sordide, La Promesse montre "plus vrai que nature". Les deux frères installent une tension permanente, filment un morceau de vie, les personnages continuant leur chemin sans les spectateurs, abandonnés à leur ressenti éprouvant. Avec une image brouillée, sans artifices ni effets de manche (« Nul besoin de multiplier les signes de vraisemblance pour que le réel nous explose au visage », Lucien Logette, Jeune Cinéma n°238, juillet 1996), Jean-Pierre et Luc Dardenne filment serré, à hauteur d’homme, ne procurant que peu d’air. « [La caméra] suit les personnages, se heurte contre les murs, emprunte les escaliers, ouvre les portes. Toujours au plus près, sans distance, les exploités dans la contrainte, les exploiteurs dans l’obstination. » (Éric Derobert, Positif n°428, octobre 1996)
La Promesse
Belgique, France, Luxembourg, Tunisie, 1996, 1h33, couleurs, format 1.66
Réalisation : Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne
Scénario : Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne, Alphonse Badolo, Léon Michaux
Photo : Alain Marcoen
Musique : Jean-Marie Billy, Denis M’Punga
Montage : Marie-Hélène Dozo
Décors : Igor Gabriel
Costumes : Monic Parelle
Production : Luc Dardenne, Hassen Daldoul, Jacqueline Pierreux, Claude Waringo, Les Films du Fleuve, Touza Productions, Samsa Films, Dérives, RTBF, ERTT
Interprètes : Jérémie Renier (Igor), Olivier Gourmet (Roger), Assita Ouédraogo (Assita), Frédéric Bodson (le patron du garage), Rasmane Ouédraogo (Hamidou), Hachemi Haddad (Nabil), Florian Delain (Riri), Lyazzide Bakouche (Mustapha), José Dumst, Kevin N’Koko (Seydou), Christiane Mutshimuana (Rosalie), Rifi Kythouka (le devin), Sophia Leboutte (Maria), Ljubomir Jakic (l'émigré interprète)
Présentation au Festival de Cannes : mai 1996
Sortie en Belgique : 9 octobre 1996
Sortie en France : 16 octobre 1996
Distribution : Diaphana
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