Avec La Rivière rouge, en 1948, Howard Hawks signe son premier western. Considéré comme un grand nom du genre, grâce à des films comme La Captive aux yeux clairs ou Rio Bravo, le cinéaste n’en a pourtant réalisé que cinq, pratiquant tous les autres registres avec un plaisir égal. Après le succès éclatant du Grand Sommeil, Hawks entend se libérer du carcan des majors et réalise La Rivière rouge pour le compte de sa propre société de production.
Il y raconte une histoire d’hommes, de grands espaces et d’étendues sauvages. Ce drame rude, complexe, est servi par la superbe photographie en noir & blanc de Russell Harlan – c’est le début d’une étroite collaboration entre le chef opérateur et le cinéaste.
« L’homme est la mesure de toute chose dans le cinéma âpre et parfois amer de Hawks » affirme Todd McCarthy dans sa biographie du cinéaste (Hawks, Actes Sud / Institut Lumière). Avec son style sans apprêts, Hawks dépeint les relations muettes, pudiques, entre un père et son fils. Mêlant tendresse et rivalité, le cinéaste trouve le juste équilibre entre John Wayne et Montgomery Clift (dans son premier rôle), qui incarnent un duo passionné, d’une rare profondeur psychologique.
La Rivière rouge marque aussi la première collaboration entre Hawks et Wayne. Sa performance éblouit John Ford qui s’exclamera : « Je ne savais pas que ce grand fils de pute pouvait jouer ! » (cité par Philippe Garnier, Howard Hawks à la conquête du western, Wild Side). Mais c’est Joanne Dru, belle héroïne hawksienne, qui devient, tardivement, la figure décisive de ce drame masculin, dont elle détient la clef. Comme souvent chez le cinéaste, la femme sait se montrer aussi volontaire et rude que le plus revêche des cow-boys. Son arrivée, arme au poing, met un terme à la querelle entre les deux hommes.
Malgré le succès du film, le tournage coûteux renvoie le cinéaste dans les griffes des studios. Il y demeurera le reste de sa carrière. Avec La Rivière rouge, il signe pourtant un grand classique du western, déposé à la Library of Congress. Son œuvre magistrale continue d’inspirer les cinéastes, de Godard à Scorsese, en passant par John Carpenter, qui tient Howard Hawks pour « le plus grand cinéaste américain ».
La Rivière rouge (Red River)
États-Unis, 1948, 2h13, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Howard Hawks
Scénario : Borden Chase, Charles Schnee, d’après la nouvelle The Chisholm Trail de Borden Chase
Direction artistique : John Datu
Photo : Russell Harlan
Musique : Dimitri Tiomkin
Montage : Christian Nyby
Production : Howard Hawks, Monterey Productions
Interprètes : John Wayne (Thomas Dunson), Montgomery Clift (Matt Garth), Joanne Dru (Tess Millay), Walter Brennan (Nadine Groot), Coleen Gray (Fen), Harry Carey Sr. (Mr. Meville), Harry Carey Jr. (Dan Latimer), Noah Beery Jr. (Buster McGee), Chief Yowlachie (Quo)
Sortie aux États-Unis : 17 septembre 1948
Sortie en France : 6 juillet 1949
Restauration 2K de la version intégrale à partir du négatif original par le laboratoire MPS pour Swashbuckler Films et MGM.
Distribution : Swashbuckler Films
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