Last Words

Copyright Jonathan Nossiter

Partagé entre documentaires et fictions – et agriculture – , Jonathan Nossiter revient avec un projet ambitieux. Dans Last Words, le jeune Kal (Kalipha Touray, réfugié gambien de 19 ans), dernier survivant du continent africain, chargé de son mystérieux bagage, entreprend le voyage vers la cinémathèque italienne. Une rencontre avec un vieil ermite ex-cinéaste (Nick Nolte), et la magie du cinéma opère : le plus âgé retrouve la volonté de vivre, le plus jeune découvre ce qu’était le partage. Le duo propose alors à quelques survivants de ce monde post-apocalyptique rassemblés à Athènes de (re)découvrir la joie d’être en vie, ensemble, la beauté de l’art et de la culture, et la nécessité d’immortaliser sur pellicule ces instants, sans doute les derniers, pour témoigner.

Fable écologique, Last Words balance entre deux genres. Alors que le monde est anéanti et l’humanité au bord de l’extinction, le cinéaste montre les petits gestes dont les humains sont encore capables pour se sentir moins seuls et trouver un peu de lumière : la nourriture terrestre qu’Anna (Alba Rohrwacher) essaye de faire pousser dans son jardin au milieu des ruines, mais aussi la nourriture de l’âme, le cinéma et la culture, pour retrouver un peu d’espoir. Reprennent alors vie à l’écran les œuvres des frères Lumière, Buñuel, Vertov, Keaton, Lang, Monicelli…

Jonathan Nossiter ignorait que son film accompagnerait l’actualité de 2020. En abordant la crise climatique (également suivie d’une pandémie dans le film) en même temps que les préoccupations actuelles relatives à la survie du cinéma, il réalise un film prophétique. Profondément convaincu que la culture ne doit surtout pas perdre son aspect social et politique, le cinéaste signe un manifeste. « C'est une lettre d'amour à la beauté et à la puissance du cinéma comme lieu de rencontre entre les gens... Je crois toujours, même s'il est en train de s'éteindre, à l'acte d'aller au cinéma. »(Jonathan Nossiter, Variety, 24 juin 2020)