Laurel et Hardy au Far West

Contrairement à ce que pourrait laisser supposer son rôle de souffre-douleur pleurnichard, c’est bien Stan Laurel (1890-1965) le cerveau du tandem. Né en Angleterre, arrivé, comme Chaplin dont il subit l’influence, dans la troupe de music-hall de Fred Karno, il devient, brièvement, une vedette comique. Mais alors qu’il est passé à la mise en scène, l’idée d‘un duo avec Oliver Hardy (1892–1957), obscur troisième couteau spécialisé dans les rôles de "durs", s’impose en 1926 au producteur qui les a sous contrat, Hal Roach.

Chacun peaufine son personnage et ils enchaînent une remarquable série de courts métrages burlesques, réussissant à passer du muet au parlant sans encombre. Pour Petr Kral, spécialiste du genre, « ils dévoilent comme personne d’autre la face cauchemardesque du quotidien et la folie latente de l’homme, individuelle ou collective (les destructions en chaîne des courts-métrages muets). » (Dictionnaire du Cinéma, Larousse)

La distraction poétique de Laurel, comme la lourdeur et l’assurance de Hardy, gardent leur fonction destructrice dans des longs métrages parfois inégaux. Soucieux de la qualité de leurs films, Stan Laurel devient alors producteur ; c’est le cas pour Laurel et Hardy au Far West, où leurs costumes de « pieds tendres » jurent de façon cocasse avec les standards du western.

Le film se limite quasiment à une irrésistible course-poursuite dans un saloon (après moult efforts pour y pénétrer), et il offre quelques gags d’anthologie, comme le doigt-briquet de Laurel, et permet de comparer le poids de Hardy à celui d’une mule sellée et bardée – le résultat sera surprenant. Mais ces deux zigotos peuvent aussi se faire libellules lors d’une danse subtile et gracieuse sur un bon vieil air du Far West.

Séance famille à la Halle Tony Garnier
Laurel et Hardy au Far West de James W. Horne (Way out West, 1937, 1h05, en VF)
Précédé de
Les Bricoleurs de James Parrott (Hog Wild, 1930, 19min, en VF)
Halle Tony Garnier di 11 15h