Les années 50 furent l’âge d’or du polar à la française. Touchez pas au grisbi de Jacques Becker (1954), Du rififi chez les hommes de Jules Dassin (1955), Bob le flambeur de Jean-Pierre Melville (1956), autant de films qui marquèrent ce genre populaire. Le Désordre et la nuit de Gilles Grangier est de cette veine, un film noir simple et efficace, et pour certains, l’une des plus belles réussites du trio Gabin-Grangier-Audiard.
Le Désordre et la nuit est un polar nocturne taillé pour trois personnages. Au centre, Jean Gabin, dans un rôle de flic fatigué et vieillissant aux méthodes parfois douteuses, confronté à une jeune droguée, Nadja Tiller, mélange d’innocence et de perversité, et à Danielle Darrieux, bourgeoise pharmacienne aux activités plutôt louches. Seule la passion motive les personnages de ce polar à mi-chemin entre enquête policière et conflit psychologique.
Avec une précision quasi documentaire, Gilles Grangier livre une juste peinture d’un milieu où les personnages, tous ambigus (quel que soit le côté de la loi où ils se trouvent), évoluent dans cette ambiance poisseuse des boîtes de nuit qui imprègne toutes les images. Le cinéaste filme d’ailleurs beaucoup les visages de ses personnages en plans serrés, une façon d’observer leur part d’ombre et de lumière.
Alain Corneau déclarera au sujet de Gilles Grangier « Avec Grangier, on a le sentiment de retrouver une société disparue, d’être de plain-pied avec le quotidien de nos pères. […] Mon favori, c’est Le Désordre et la nuit, un Gabin vénéneux, une histoire simple mais qui va jusqu‘au bout d’elle-même, un film qui fait semblant de respecter les règles en les transgressant toutes, une leçon de modestie qui vaut tous les courages, une constante noblesse. C’est un vrai film noir, un des plus secrets, donc peut-être un des plus beaux. » (Télérama, juillet 1991).
Le Désordre et la nuit
France, 1958, 1h33, noir et blanc, format 1.66
Réalisation Gilles Grangier
Scénario Michel Audiard, Gilles Grangier, Jacques Robert, d'après le roman Le Désordre et la nuit de Jacques Robert
Dialogues Michel Audiard
Photo Louis Page
Musique Jean Yatove
Montage Jacqueline Sadoul
Décors Robert Bouladoux
Costumes Paulette Coquatrix, Marcelle Desvignes
Production Lucien Viard, Orex Films
Interprètes Jean Gabin (le commissaire Vallois), Nadja Tiller (Lucky Fridel), Danielle Darrieux (Thérèse Marken), Roger Hanin (Albert Simoni), Paul Frankeur (l'inspecteur Chaville), Robert Manuel (Blasco), Hazel Scott (Valentine Horse), Robert Berri (Marquis), François Chaumette (le commissaire Janin), Louis Ducreux (Henri Marken), Harald Wolff (Fridel), Edward Fleming (Peter), Raoul Saint-Yves (Michou), Gabriel Gobin (l'inspecteur Rocard)
Sortie en France : 18 mai 1958
Restauration 2K menée par Pathé au laboratoire Éclair pour la partie image et L.E. Diapason pour la partie son ; avec le soutien du CNC.
Distribution : Pathé Distribution
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