Le Gentleman d'Epsom

Le Gentleman d’Epsom représente la huitième collaboration de Gilles Grangier, Michel Audiard et Jean Gabin. Le tiercé gagnant se retrouve ici pour un film d’abord intitulé Le Pelousard, car il a pour décor principal les courses vues de la pelouse, au sein de la faune de l’hippodrome. On lui préférera un titre plus chic, à l’instar du personnage de Gabin : un escroc distingué, un gentleman turfiste ruiné. Basé sur des souvenirs d’Albert Simonin, le film dresse le portrait d’un bookmaker magouilleur. Il vend ses pronostics à ses clients parieurs, qui lui confient leurs mises dont il dispose à sa guise. Gabin, grand connaisseur de chevaux et possédant une écurie de courses, est ravi de participer à ce projet. Audiard a l’idée de réunir de nouveau Jean Gabin et Louis de Funès, six ans après La Traversée de Paris, de Claude Autant-Lara. Leur rencontre fit, cette fois encore, des étincelles et, face à un Gabin impérial, de Funès déploie son extraordinaire énergie dans le rôle d’un restaurateur tenté par le démon des courses, interdit d’hippodrome par son médecin qui redoute les émotions trop fortes.

« Qui dit Simonin, dit Audiard. Donc, dialogue d’Audiard. Le talent de notre "numéro un" s’est apuré. Des étincelles, des ruades. Mais aussi des répliques qui émeuvent, qui font penser. La comédie de caractère n’est pas loin. Quand Audiard voudra écrire pour le théâtre… Gilles Grangier vaut mieux que sa réputation d’artisan astucieux. Sans doute ce metteur en scène n’est-il pas un styliste. Mais il sait diriger des comédiens. Il sait aller vite quand il le faut. Il sait exprimer un climat, un milieu. Le "commandant", c’est Gabin, de face et de profil. Sans Gabin, il n’y aurait pas de film probablement. Tout a été taillé, pesé, dosé pour lui. Et Gabin, dans la dignité ombrageuse et roublarde, fait merveille. Dru, juteux, bien carré dans son rôle. L’égal d’un Raimu, d’un Laughton. » (Michel Aubriant, Paris-Presse, 9 octobre 1962).