Ousmane Sembène naît au Sénégal, en 1923. Il vient en France après la guerre, et travaille comme mécanicien, puis docker à Marseille. Cette expérience lui inspire ses premiers romans, qui décrivent les rapports sociaux entre les Français et les immigrés africains. En 1963, Borom sarret est le premier film tourné par un réalisateur africain. Trois ans plus tard, sa nouvelle Voltaïque donne naissance à son premier long métrage, La Noire de... Sembène acquiert le statut de chef de file du cinéma sénégalais et devient alors le représentant du cinéma de toute l’Afrique noire.
Le Mandat, son second long, est considéré comme le premier film africain fait pour le peuple africain, parlant ouolof, langue majoritaire au Sénégal – même si contractuellement, Ousmane Sembène dut tourner une version en langue française.
Avec ce mandat inespéré – une fortune pour sa modeste famille –, Ibrahima Sieng se croit riche. Enivré, flatté par les profiteurs, il espère une vie meilleure. Mais pour toucher le mandat, il faut une carte d’identité. Or Ibrahima n’en a pas. Pas même l’acte de naissance nécessaire à celle-ci car il ne figure pas sur les listes d’état civil. Commence alors un parcours ubuesque dans les méandres de l’administration, une bataille avec une bureaucratie sans pitié.
« Le vrai sujet du Mandat, ce ne sont pas seulement les malheurs du héros. C’est la naissance d’une bourgeoisie africaine […]. En réalité, le problème soulevé par le film est politique. Il n’y a plus de Noirs et de Blancs, le problème se pose au niveau de la classe. » (Ousmane Sembène, Télérama, 15 décembre 1968). Grâce aux talents de conteur d’Ousmane Sembène, l’anecdote ensoleillée et joyeuse devient fable pamphlétaire. Le cinéaste, avec une grande finesse d’observation, dénonce de façon virulente l’administration sénégalaise et appelle vivement au changement.
Le Mandat (Mandabi)
France, Sénégal, 1968, 1h30, couleurs (Eastmancolor)
Réalisation & scénario : Ousmane Sembène, d’après son roman éponyme
Photo : Paul Soulignac
Montage : Gilbert Kikoïne
Production : Filmi Domirev, Comptoir Français du Film Production,
Interprètes : Makhouredia Gueye (Ibrahima Dieng, le mari), Younousse N'Diaye (la première épouse), Isseu Niang (la seconde épouse), Serigne N'Diaye (l'iman), Serigne Sow (Maissa), Moustapha Touré (le boutiquier)
Sortie en France : 27 novembre 1968
Présentation à la Mostra de Venise (section Information) : septembre 1968
Restauration 4K par Studiocanal chez VDM à partir de l'interpositif image et du négatif son.
Distribution : Studiocanal
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