Parmi la pluie d’Oscars (neuf, dont celui du meilleur film) reçus par Le Patient anglais, il y en avait un pour Gabriel Yared, célébré pour sa composition musicale. Il s’agissait là de la première collaboration entre le cinéaste et le compositeur. Gabriel Yared travailla sur la musique avant même le début du tournage, échangeant sans cesse avec Minghella, lui-même musicien : « J’ai besoin d’être vraiment investi dès le début. Au moment où Anthony écrit son scénario, j’ai besoin de savoir de quoi il s’agit pour avoir le temps de réfléchir, de prendre des risques, de me tromper, de chercher, de sonder, à travers la musique, la psychologie des personnages. » (Avant-Scène Cinéma n°491, avril 2000). Interrogé sur leurs affinités, Gabriel Yared déclarait : « Lui, il dit en anglais cette très belle expression : "We are sword mates." Nous sommes des frères d’armes. Oui, je crois que je ferai tous ses films, s’il me le demande. Je me libèrerai toujours. » (art. cit.). À partir de cette première collaboration, Gabriel Yared composera les musiques de tous les films du cinéaste (Le Talentueux Mr Ripley, Retour à Cold Mountain et Par effraction) jusqu’à sa disparition en 2008.
Avec une double histoire d’amour sur fond de guerre et de désert brûlant, c’est un grand souffle romanesque et épique qui traverse Le Patient anglais. Sa construction non linéaire partage le récit entre flashbacks lyriques et intimité du huis clos toscan. L’homme sans identité, amnésique au corps calciné, arrache quelques souvenirs à sa mémoire défaillante. À partir de là, la mosaïque d’images choisies par le cinéaste pour adapter le roman de Michael Ondaatje se met en place. Si l’on a souvent évoqué le cinéma de David Lean pour parler du Patient anglais, Minghella, quant à lui, se plaçait plutôt sous les ombres de Fellini et de Visconti.
« Que dire de cette œuvre, sinon qu’elle est la plus inspirée qu’on ait vue depuis longtemps ? […] Ici, [Anthony Minghella] atteint une véritable ampleur, qui comprend la densité des relations entre les personnages, l’humanisme des êtres, la passion, la complexité, la grandeur et l’erreur. […] Tant de choses sont évoquées dans cette œuvre, à la fois de guerre, d’aventures et de psychologie que l’on aurait pu s’y perdre. Mais Minghella montre une aisance étonnante dans le filage de tous ses éléments et en fait une œuvre achevée, soutenue par la très belle musique de Gabriel Yared. » (Hélène Romano, Jeune Cinéma n°243, mai/juin 1997)
Le Patient anglais (The English Patient)
États-Unis, Royaume-Uni, 1996, 2h42, couleurs, format 1.85
Réalisation & scénario : Anthony Minghella, d’après le roman éponyme de Michael Ondaatje
Photo : John Seale
Musique : Gabriel Yared ; Fred Astaire, Johann Sebastian Bach…
Montage : Walter Murch
Décors : Stuart Craig
Costumes : Ann Roth
Production : Saul Zaentz, Miramax
Interprètes : Ralph Fiennes (Almasy), Juliette Binoche (Hana), Kristin Scott Thomas (Katharine), Willem Dafoe (Caravaggio), Naveen Andrews (Kip), Colin Firth (Geoffrey Clifton), Julian Wadham (Madox), Jürgen Prochnow (Muller), Kevin Whately (Hardy), Clive Merrison (Fenelon-Barnes), Nino Castelnuovo (D'Agostino), Hichem Rostom (Fouad Bey), Peter Rühring (Bermann)
Sortie aux États-Unis : 6 décembre 1996
Présentation à la Berlinale : février 1997
Sortie en France : 12 mars 1997
Distribution : Park Circus
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