Leçons d'une université volante

« Après le coup d’État de 1981, en Pologne, on s’est dit : il faut faire quelque chose. Pas un truc qui reste confidentiel, mais quelque chose qu’on montre aux gens. On a pris contact avec la télévision belge, le Centre de Liège a donné son accord pour acheter la diffusion de cinq courts métrages de dix minutes qui devaient passer juste après le journal. Notre idée était de montrer que ce pays ultranationaliste avait été un pays, non pas terre d’asile mais terre d’exil, depuis le premier exil dans les années 30 jusqu’à aujourd’hui. On voulait essayer de retracer une histoire de la Pologne à travers ces exils. » (Jean-Pierre et Luc Dardenne, Revue belge du cinéma n°41, hiver 1996)

Leçons d'une université volante trace le portrait de cinq exilés polonais arrivés en Belgique à des époques différentes. Fuir le nazisme en 1930, le communisme après la Seconde Guerre mondiale, l’antisémitisme en 1968, s’exiler en 1976 ou encore au moment du coup d’État de 1981 :  chacun porte une histoire différente. Mais tous parlent du manque et de l’attachement à un pays, une culture, des traditions. Se dessine alors la question de l’identité collective dans la construction d’une identité individuelle. Autour d’un objet, les cinéastes font évoquer aux témoins leur parcours, les raisons de l’exil et leur vie en Belgique.

Le titre du documentaire évoque « l’Université volante », réseau d’enseignement clandestin de la fin du XIX^e siècle, et qui a repris ses activités à la fin des années 70. Très dépouillé, sans effet de manches, Leçons d'une université volante fut diffusé à la télévision belge à une heure de grande audience, dans la lignée de ce courant d’éducation et de connaissance pour tous.