Les Années difficiles

Sous ses airs de comédie de mœurs, Les Années difficiles cache une chronique dure et amère. D’une grande sobriété, ce film est une farce tragique qui conte les années sombres de l’Italie sous le fascisme, rappelant Vivre en paix (1947), le précédent film de Luigi Zampa. Avec la même humanité et la même mise en scène précise, le cinéaste tente d’expliquer en quoi le peuple italien ne partage pas la culpabilité du régime alors en place. Pour ce faire, il fait preuve d’un esprit critique acéré mais aussi de beaucoup d’humour, choisissant de faire rire des Italiens et de leurs travers. Il traite ses personnages sans aucun mépris, avec une tendresse certaine qui les rend attachants.

Les Années difficiles est une peinture sans illusion qui dénonce la lâcheté du régime mussolinien, bâti sur la misère et la peur. Il est le premier film de la « trilogie des années » que Zampa consacrera au fascisme ; suivront Anni facili (1953) et Anni ruggenti (1962).

« Ce fonds amer n’est que l’essence du film. Années difficiles se déroule en réalité comme une farce, comme une comédie subtile et irrésistible, guettée au tournant par la tragédie. Luigi Zampa connaît bien son sujet ! Un feu d’artifice de situations bouffonnes nous montre la réalité quotidienne du fascisme, mieux que cent reportages. Tout cela est traité avec tact ; la verve de l’histoire ne se tarit jamais et les rebondissements n’en sont pas artificiels. […]Années difficiles est sans doute parmi les meilleurs films italiens. On sait que la critique française, unanime, avait salué ce film lors d’une représentation en privé. Il sort maintenant décanté, toujours comique, mais plus amer. » (Lo Duca, Cinémonde, 17 mars 1951).