Tourné en 1952, Les Contes de la lune vague après la pluie ne sort en France qu’en 1959, trois ans après la mort de son réalisateur. Lion d’argent à la Mostra de Venise en 1953, le film fait l’unanimité pour son raffinement esthétique et sa mise en scène épurée. Dans cette œuvre, Kenji Mizoguchi fusionne deux contes classiques de la littérature japonaise : La Lubricité du serpent et La Maison dans les roseaux d’Akinari Ueda. Dès sa préparation, le cinéaste sait que le film déstabilisera ses spectateurs.
Le caractère unique des Contes réside dans l’union d’un traitement réaliste rigoureux et d’une action fantastique onirique. Le public français sera déconcerté mais séduit, ayant réussi à effleurer une évidence, une harmonie parfaite pourtant inexplicable. « Vous aurez la révélation d’un monde apparemment très différent du nôtre, mais, profondément, tout semblable. Vous toucherez du doigt ce fonds commun de l’humanité, ce creuset d’où sont sortis à la fois l’Odyssée et le cycle de la Table ronde, avec lesquels Ugetsu monogatari présente de troublantes analogies ». (Éric Rohmer, Arts, 25 septembre 1959).
Cette universalité, abolissant la distance entre Occident et Orient, renforce la poésie et la beauté spectrale de ce drame. « Mais ces films – qui, en une langue inconnue, nous content des histoires totalement étrangères à nos mœurs ou habitudes – ces films nous parlent en effet un langage familier. Lequel ? Le seul auquel doive somme toute prétendre un cinéaste : celui de la mise en scène. […] Si la musique est idiome universel, la mise en scène aussi : c’est celui-ci, non le japonais, qu’il faut apprendre pour comprendre le "Mizoguchi". Langage commun, mais porté ici à un degré de pureté que notre cinéma occidental n’a jamais connu qu’exceptionnellement ». (Jacques Rivette, Cahiers du cinéma n°81, mars 1958).
Les Contes de la lune vague après la pluie (Ugetsu monogatari)
Japon, 1953, 1h37, noir et blanc, format 1.33
Réalisation : Kenji Mizoguchi
Scénario : Yoshikata Yoda, Matsutaro Kawaguchi, d'après les contes La Lubricité du serpent et La Maison dans les roseaux d’Akinari Ueda
Photo : Kazuo Miyagawa
Musique : Fumio Hayasaka, Tamekichi Mochizuki, Ichirô Saitô
Montage : Mitsuzô Miyata
Décors : Kisaku Itô
Costumes : Tadaoto Kainoshô
Production : Masaichi Nagata, Daiei Motion Picture Company
Interprètes : Masayuki Mori (Genjuro), Kinuyo Tanaka (Miyagi), Ichisaburo Sawamura (Genichi), Sakae Ozawa (Tobei), Mitsuko Mito (Ohama), Machiko Kyô (Wakasa), Kikue Môri (Ukon)
Sortie au Japon : 26 mars 1953
Présentation à la Mostra de Venise : 25 août 1953
Sortie en France : 18 mars 1959
Restauré par The Film Foundation et Kadokawa Corporation chez Cineric, Inc., New York. Remerciements spéciaux à Masahiro Miyajima et Martin Scorsese Restauration 4K financée par The Hollywood Foreign Press Association. Avec le soutien de The Film Foundation et Kadokawa Corporation.
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