Adapté du roman de Henri-François Rey, prix Interallié 1962, Les Pianos mécaniques fut présenté au Festival de Cannes en 1965. Distribution prestigieuse et internationale, dialogues de l’auteur même du livre, tout devait concourir à la bonne réception du film. Son réalisateur, Juan Antonio Bardem, bénéficiait aussi d’une excellente réputation : la décennie précédente, Mort d’un cycliste et Grand-rue critiquaient violemment la bourgeoisie espagnole sous Franco et lui avaient valu les foudres de la censure. Considéré comme l’un des cinéastes espagnols les plus engagés de son temps, il était très attendu. Mais en adaptant un roman sur un sujet aussi mince, Bardem s’était mis en difficulté.
Les Pianos mécaniques traite de l’angoisse existentielle d’une certaine élite littéraire et intellectuelle cosmopolite à la vie facile – des snobs vaniteux pour certains, des désaxés, névrosés et pervertis pour d’autres. Enfants, adolescents et adultes, tous traînent leurs lots de problèmes, leurs vies parallèles se télescopent parfois. Ils discourent sur la décadence et noient leur désarroi dans l’alcool et les aventures. À Cannes, le film reçoit une véritable volée de bois vert : on lui reproche la vanité de son propos et l’indulgence de Bardem face à ses personnages.
Et pourtant. Melina Mercouri, dans la lignée de Stella femme libre qui l’a révélée, incarne Jenny, une femme forte, solaire. Sourire franc aux lèvres, elle déborde de sensualité féminine tout en incarnant une force, à l’époque, tout à fait masculine. Et il y a cette peinture douce-amère d’un monde désenchanté. « Ce qu’il y a de meilleur, c’est la couleur, souvent utilisée avec goût. J’ai beaucoup aimé le plan où l’on voit Melina Mercouri et Hardy Krüger étendus sur les rochers déchiquetés où Salvador Dali et Luis Buñuel avaient dressé les squelettes de L’Âge d’or. Bardem use, pour décrire le port de Cadaquès, des tons pastel un peu fades mais assez justes, et lorsque l’automne s’annonce, il sait décrire la mélancolie de ces plages qui ne vivent que deux mois par an. » (Georges Charensol, Les Nouvelles littéraires, 17 juin 1965)
Les Pianos mécaniques (Los pianos mecánicos)
Espagne, France, Italie, 1965, 1h34, couleurs (Eastmancolor)
Réalisation & scénario : Juan Antonio Bardem, d'après le roman éponyme d’Henri-François Rey
Dialogues : Henri-François Rey
Photo : Gábor Pogány
Musique : Georges Delerue
Montage : Margarita de Ochoa, Paul Cayatte
Décors : Enrique Alarcón
Production : Cesáreo González, Raymond Froment, Cesáreo González Producciones Cinematográficas, Films Borderie, Précitel, Terra Film, Francos-Films, Standard Films, Explorer Film
Interprètes : Melina Mercouri (Jenny), Hardy Krüger (Vincent), James Mason (Régnier), Didier Haudepin (Daniel), José Maria Monpin (Tom), Luis Induni (Bryant), Renaud Verley (Serge), Maurice Teynac (Reginald), Keiko Kishi (Nora), Karin Mossberg (Orange)
Présentation au Festival de Cannes : mai 1965
Sortie en France : 9 juin 1965
Sortie en Espagne : 17 juin 1965
Sortie en Italie : 26 août 1965
Distribution : Pathé Distribution
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