« Ni auteur consacré ni petit maître, Richard Fleischer a toujours eu un statut ambigu – quand il n’a pas été tout simplement oublié. » (Michel Ciment, Positif n°544, juin 2006). Le prolifique cinéaste vient de la série B et quatre ans après son extraordinaire 20 000 lieues sous les mers, il signe sans doutele film d’aventures par excellence, Les Vikings. Pour ce récit épique, Fleischer voit grand, voire monumental. La reconstitution est d’une rare ampleur : les drakkars sont identiques à ceux conservés dans les collections du musée d’Oslo, l’équipe tourne dans des extérieurs grandioses (et en Bretagne, au Fort La Latte) et Kirk Douglas joue sans filet. Fleischer, secondé par Jack Cardiff à la photo, maitrise parfaitement l’art du CinémaScope, exploitant toutes les possibilités de son écran large et utilisant des angles insolites. Les moyens sont exceptionnels, mais pourtant pas suffisants. Kirk Douglas, producteur du film via sa société Bryna, s’endette alors pour achever celui-ci.
Entre récit shakespearien et tragédie grecque, Les Vikings conte la brutalité mais aussi la finesse « des gens de l’au-delà des brumes » selon les mots du narrateur auquel Orson Welles prête sa voix. Les combats sont âpres ; rivalité fraternelle, viol, parricide irriguent le récit. Entre les mains de Richard Fleischer, le grand spectacle passe un cap. « Le goût de Fleischer pour les univers finissants commence dès Les Vikings. C’est la confrontation entre le monde païen et le monde chrétien, entre un microcosme sauvage sur lequel il ne porte aucun jugement et une société médiévale anglaise, apparemment plus policée, qui l’intéresse. Le visage de Kirk Douglas, privé d’un œil, lacéré de cicatrices suite à l’attaque d’un faucon ; Tony Curtis mutilé d’une main ; Ernest Borgnine déchiqueté par des loups – trois stars, mais privées de leur glamour, réduites à leur monstruosité – traduisent une violence autrefois impensable dans le cinéma classique hollywoodien. Ce n’est plus tant la reconstitution historique, admirable par ailleurs, qui importe. Mais le malaise d’une époque, dont le cinéma américain, y compris dans sa forme épique et le plus grand public, s’efforce de traduire. » (Samuel Blumenfeld, M, le magazine du Monde, 26 janvier 2019)
Les Vikings(The Vikings)
États-Unis, 1958, 1h56, couleurs, format 2.35
Réalisation : Richard Fleischer
Scénario : Calder Willingham, Dale Wasserman, d’après le roman éponyme de Edison Marshall
Photo : Jack Cardiff
Musique : Mario Nascimbene
Montage : Elmo Williams
Direction artistique : Harper Goff
Production : Jerry Bresler, Brynaprod
Interprètes : Kirk Douglas (Einar), Tony Curtis (Eric), Ernest Borgnine (Ragnar), Janet Leigh (Morgana), James Donald (Egbert), Alexander Knox (le père Godwin), Maxine Audley (Enid), Frank Thring (Aella), Eileen Way (Kitala), Edric Connor (Sandpiper), Dandy Nichols (Bridget), Per Buckhoj (Björn)
Sortie aux États-Unis : 28 juin 1958
Sortie en France : 15 décembre 1958
Restauration numérique.
Distribution : Park Circus
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