Lorsque le bateau de Léon M. descendit la Meuse pour la première fois

« Entre ce militant d’il y a vingt ans et son futur à la recherche duquel il part, commence le voyage du bateau. »

Engagés dans le courant du documentaire social, Jean-Pierre et Luc Dardenne poursuivent, avec Lorsque le bateau de Léon M.,leur travail sur la sauvegarde du patrimoine de la classe ouvrière. Filmant les gestes de toute une vie, mis ici au service d’une liberté – et d’une utopie – gagnée par Léon Masy, ils interrogent le passé dans ses rapports au présent, un geste qu’ils nomment la « mémoire active ». Car c’est bien la Belgique de 1979 qui regarde celle de 1960, lorsque la « grève du siècle » secoua le pays durant l’hiver. Les images d’archives côtoient les témoignages d’anciens militants filmés dans les lieux dont ils parlent, retraçant ainsi une cartographie précise de la lutte d’alors, au milieu des bruits d’aujourd’hui. Pour Jacqueline Aubenas, « l’organisation du réel retrouve ici la force des films révolutionnaires, le souffle eisensteinien » (Jean-Pierre et Luc Dardenne, La Renaissance du livre)

Comment combattre désormais ? La voix off des cinéastes interroge poétiquement. « Vers où navigue le bateau ? Vers la terre utopique ou vers une mer sans rivage ? Qui a raison ? La mouette ? ou le fleuve enserré dans les rives de la réalité ? Chargé de ces interrogations, le bateau poursuit son voyage et sur la carte de la région insurgée d’il y a vingt ans, Léon Masy continue, lui, de chercher une destination. » (Extrait de la voix off)