Ne nous fâchons pas

Dans la lignée directe des Tontons flingueurs, Ne nous fâchons pas est un polar drôle et farceur. On y retrouve le grain de folie de Georges Lautner, les piquants dialogues de Michel Audiard et le stoïcisme de Lino Ventura. « Rien ne ressemblera donc à ce que j’ai déjà réalisé dans le genre parodique. Ne nous fâchons pas est peut-être la première farce musicalo-violente. »  (Georges Lautner, Combat, 8 mars 1966).

Ce récit aux rebondissements explosifs est mené par un solide trio : Lino Ventura, l’ours réveillé de son hibernation et qu’il ne faut pas trop venir chatouiller, Michel Constantin, le vieil ami, qui le suit comme son ombre et Jean Lefebvre, avec sa tête de chien battu, qui ne cesse de geindre et enchaîne catastrophe sur catastrophe.

« Ne nous fâchons pas doit son accent, son piment, son style au toujours surprenant, satisfaisant, brillant dialogue de Michel Audiard et à deux comédiens, Lino Ventura et Jean Lefebvre. » (Claude Mauriac, Le Figaro littéraire, 16 juin 1966). Ici, les trouvailles verbales illuminent les situations comiques et les tirades cyniques s’échangent entre les cascades en R8 Gordini bleue. Rocambolesque aussi, la rencontre avec la bande, dirigée par un colonel anglais, de tueurs motorisés qui rappellent les Beatles, face auxquels Antoine tente de contenir sa colère et sa nature bagarreuse. Lino Ventura, nouveau monstre sacré du cinéma français et considéré comme le successeur direct de Jean Gabin, décidera d’arrêter les rôles comiques à la suite de ce film, au grand désarroi de Georges Lautner qui le trouvait parfait en brute impassible, faisant parfaitement sonner les dialogues d’Audiard.