On the Rocks

« Je rêvais d’un film plus léger, plus enjoué, sans jamais perdre en chaleur et sincérité. Je ne pensais pas retravailler avec Bill Murray, parce que tout le monde garde le souvenir de son personnage dans Lost in Translation. Mais du temps a passé, j’aime sa compagnie et on ne l’avait pas encore vu dans un rôle comme celui de ce père playboy et bienveillant. » (Sofia Coppola, Entertainment Weekly, 13 août 2020). La cinéaste a attendu son huitième film pour tourner à New York et elle s’est souvenue des comédies sophistiquées situées dans les beaux quartiers de la ville, évoquant notamment L’Introuvable (W.S. Van Dyke), fantaisie policière des années 30. Elle a même consulté Buck Henry (1930-2020), le scénariste du Lauréat de Mike Nichols et de On s’fait la valise, docteur ? de Peter Bogdanovich, et emmené ses personnages au mythique Club 21, à la table jadis réservée à Humphrey Bogart et Lauren Bacall.

Pour le personnage joué par Bill Murray, elle a puisé dans la personnalité de son propre père, Francis Ford Coppola, lui aussi grand amateur de « standards » de la musique américaine : Felix a ainsi nommé sa fille Laura en souvenir de la chanson de David Raksin écrite pour le film éponyme d’Otto Preminger.

« Felix est un homme de l’ancien monde, habitué à de longues discussions devant des cocktails. Il envisage les femmes et les relations amoureuses selon sa propre perspective, mais la "génération Martini" n’a pas tout à fait le même regard sur la vie que celle d’aujourd’hui… » (art. cit.).Sofia Coppola excelle dans ces moments suspendus, où deux personnages – une fille et son père, comme dans Somewhere – prennent du plaisir à être simplement ensemble et, dans cette comédie romantique, elle sait mettre en avant le charme de ses comédiens, ici la touchante Rashida Jones face à l’ouragan Bill Murray.