On the Yard

Inversant leurs rôles le temps d’un film, le couple Micklin-Silver signe On the Yard, Raphael pour la première fois à la réalisation et Joan à la production. Le cinéaste décide de porter à l’écran le roman carcéral éponyme de Malcolm Braly (ici également scénariste) publié en 1967, selon la légende, quelque temps après sa libération. Car l’auteur (dont plusieurs œuvres ont été publiées en France dans la Série Noire) aurait été détenu une vingtaine d’années dans plusieurs prisons américaines, dont celles, célèbres, de San Quentin et de Folsom.

Filmé dans la prison d’État de Rockview, près de Bellefonte en Pennsylvanie (les détenus ont travaillé comme acteurs, figurants et membres de l'équipe de tournage), On the Yard dresse un portrait minutieux de la vie quotidienne en milieu carcéral, sans exploiter aucun registre sentimental ou misérabiliste. Sobre, factuel, dépourvu de tout masochisme, il montre l’ennui de la prison, la discipline quotidienne abrutissante, la hiérarchie interne, les actes de rébellion, même les plus infimes, comme une victoire de l’esprit. La prison, brutale, mais aussi humaine.

Car On the Yard est également une « étude psychologique dans un environnement documentaire » (Jill Forbes, Monthly Film Bulletin, avril 1986). Aux personnages principaux de Chilly (aux faux airs de Charles Manson) et Juleson s’ajoutent, entre autres, ceux de Red, escroc vieillissant ayant passé la majeure partie de sa vie derrière les barreaux et redoutant sa libération, et Morris, constructeur laborieux et utopiste d’une montgolfière pour se faire la belle.

Replaçant On the Yard dans la lignée des films carcéraux américains, Vincent Canbyécrivit : « Nous avons maintenant On the Yard, le premier film de Raphael D. Silver en tant que cinéaste, adapté de son propre roman par Malcolm Braly, que Kurt Vonnegut Jr. citait comme étant "sûrement le grand roman carcéral américain". Il se pourrait bien que ce soit le cas, et le film de M. Silver lui rend justice avec une production intelligente à la fois calme et intense, tout à fait raisonnable et aussi un peu folle. » (The New York Times, 19 janvier 1979)