Peindre ou faire l’amour

Après Un homme, un vrai (2003), les frères Larrieu continuent leur exploration du couple avec Peindre ou faire l’amour. Ils travaillent en tandem : ils écrivent le découpage ensemble, Jean-Marie dirige les acteurs et Arnaud est au cadre. Tourné en six semaines dans l’Isère, au pied du Vercors, le film nous raconte l’histoire d’un couple de cinquantenaires qui se livrent à l’inconnu, cherchant à briser la monotonie du quotidien en faisant renaître leur désir. « Madeleine vit une révélation physique. À travers elle, je voulais dire que le corps, quand il fonctionne bien, est une création extraordinaire dont on n’est pas toujours conscient, et qu’il faut fêter. » (Sabime Azéma). Redécouvrant leur sexualité, William et Madeleine s’adonnent à un jeu de séduction avec leurs voisins Adam et Éva, qui les invitent bientôt aux plaisirs de l’échangisme. S’épanouit ainsi une amitié différente, pleine de sensualité.

Empreint d’une atmosphère entêtante et troublante, Peindre ou faire l’amour balance entre mélancolie, tendresse et humour. Le temps s’arrêtera pour une scène des plus déroutante, deux minutes de noir complet, où les personnages se révèleront à eux-mêmes.

« Le film repense à neuf la question impossible de la conjugalité. Plutôt que de la pousser du côté d’une destruction toujours plus catastrophique (hantise de la mort, décrépitude physique, fin du désir, perte de la sexualité), les frères Larrieu tentent la contre-proposition élégiaque du rab de temps qui reste. D’une certaine manière, c’est très malin par rapport à l’époque, son jeunisme et son conformisme marital. Cette fois, toute honte bue, point de scène de ménage, de tromperie camouflée, de vaudeville rance. Mais à la place un étonnement filmé. » (Philippe Azoury et Didier Péron, Libération, 19 mai 2005).