Regarde Jonathan, Jean Louvet, son œuvre

Retour au théâtre pour les disciples d’Armand Gatti, mais cette fois, sous la figure de Jean Louvet. Militant, contestataire, Jean Louvet a interrogé l’identité wallonne et la question sociale. Pour ce portrait documentaire, Jean-Pierre et Luc Dardenne ne s’orientent pas vers la biographie de l’homme mais vers la peinture de son œuvre théâtrale.

Dans ce dernier documentaire sur le mouvement prolétarien wallon des années 60, les Dardenne retrouvent un thème qui leur est particulièrement cher : le théâtre social. C’est la première fois qu’ils le filment. Mais ici les espoirs sont devenus vains. Plus sombre que les témoignages de leurs précédents films, celui-ci signe la fin d’une époque.

Regarde Jonathan est protéiforme. Louvet y évoque la classe ouvrière, les syndicalistes disparus. Il lit des extraits de ses pièces, dont Conversation en Wallonie où Jonathan, fils de mineur, s’interroge sur la mémoire de ses origines. Esthétiquement, le film sort du cadre du « documentaire témoignage ». Les frères Dardenne mélangent entretiens, archives, textes en surimpression tels des slogans et des fragments d’images, labyrinthiques ou symboliques (le boxeur combattant dans le vide).

« Regarde Jonathan joue sur un échange où le théâtre devient porteur d’un réalisme documentaire et le cinéma l’artisan d’une mise en représentation dramatique. » (Jacqueline Aubenas, Jean-Pierre et Luc Dardenne, La Renaissance du livre). Le temps de la fiction est venu.