Jeune cinéaste de 33 ans, Michael Cacoyannis – futur réalisateur du célèbre Zorba le Grec – s’entoure pour Stella, femme libre des plus grands artistes grecs de l’époque : il adapte l’œuvre du dramaturge Iakovos Kambanellis, confie les décors au célèbre peintre Yannis Tsarouchis, la musique à Manos Hadjidakis et la direction de l’orchestre de bouzoukis à Vassilis Tsitsanis, maitre du rebetiko. Ce genre musical est un personnage à part entière dans ce drame. Apparu dans les années 20 dans les milieux immigrés et populaires, il raconte alors les bas-fonds – drogue, prostitution, alcool, prison –, puis se concentrera dès la décennie suivante sur les amours déchues et les problèmes sociaux.
À l’écran en revanche, une débutante au cinéma : la comédienne de théâtre Melina Mercouri. Elle est Stella, éprise d’amour et de liberté. Elle veut « chanter, danser et faire flamber tous les hommes », en se dressant contre la morale et les conventions patriarcales. Jusqu’au jour où son amant la conduit à l’église pour l’épouser le « jour du Non » – commémoration du refus de soumission de la Grèce à l'Italie de Mussolini. Stella envisage la mort comme prix à payer pour rester libre.
Dans la Grèce des années 50, déchirée entre modernité et tradition, entre Orient et Occident, Stella l’affranchie ne laisse pas indifférent. Sa liberté de femme s’oppose au code d’honneur masculin. Le film, fougueux, heurté et réalisé dans des conditions difficiles (l’industrie du cinéma grec est encore balbutiante), suscite des réactions contrastées : rejeté par la critique grecque, il est acclamé par les spectateurs hellènes et ceux du Festival de Cannes.
« Stella, tragédie réaliste de la sensualité et de l’érotisme. […] La fin à elle seule, menée avec un brio lyrique dans un crescendo efficace, justifierait le film. Mais le reste du spectacle retient souvent l’intérêt. Cacoyannis a su, sans tomber dans le ridicule, faire passer ce scénario un tantinet mélodramatique du côté de la tragédie. La sensualité, la violence, l’érotisme, ne relèvent point ici d’une fabrication extérieure. Le metteur en scène et son interprète (Melina Mercouri) nous les font ressentir comme une vérité inéluctable et quotidienne comme la mort. » (André Bazin, France-Observateur, 23 janvier 1958)
Stella, femme libre (Stella)
Grèce, 1955, 1h33, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Michael Cacoyannis
Scénario : Michael Cacoyannis, d’après la pièce Stella aux gants rouges de Iakovos Kambanellis
Photo : Costas Theodoridis
Musique : Manos Hadjidakis (paroles : Michael Cacoyannis)
Montage : Georges Tsaoulis
Décors : Yannis Tsarouchis
Costumes : Deni Vachlioti
Production : Millas Film
Interprètes : Melina Mercouri (Stella), Georges Foundas (Milto), Alekos Alexandrakis (Aleko), Sophia Vembo (Maria), Voula Zoumboulaki (Anneta), Christina Kalogerikou (la mère de Milto), Dionysis Papayannopoulos (Mitso), Tassos Kavadias (la sœur d'Aleko), Costas Caralis (Antoni)
Sortie en Grèce : 4 avril 1955
Présentation au Festival de Cannes : 28 avril 1955
Scan du négatif original par le laboratoire Accelere (Athènes) pour un DCP 2K et retour sur pellicule avec une copie 35mm désormais déposée à la Cinémathèque française.
Distribution : Lost Films
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