Un dimanche à la campagne

Peinant à monter l’un des projets du cinéaste, Alain Sarde, producteur de Bertrand Tavernier, lui suggère de trouver une nouvelle idée : « Et ce livre-là dans ta poche, on ne peut pas faire un film avec ça ? ». Ce livre, c’est Monsieur Ladmiral va bientôt mourir de Pierre Bost, le parrain de cinéma – avec Jean Aurenche – du réalisateur.

« Certaines phrases de ce roman, dites par Tavernier, accompagnent la narration cinématographique. Elles ont la beauté classique d’une littérature d’analyse bien française, un charme légèrement mélancolique, un parfum d’été qui finit, d’automne qui commence. Elles ponctuent des images doucement, finement éclairées par Bruno de Keyzer, des images recréant, avec la pâte même de la vie, la sensualité de la nature, l’univers intimiste et bourgeois qui resplendit dans les toiles de Bonnard et de Vuillard, en couleurs fluides, vibrantes, harmonieuses. » (Jacques Siclier, Le Monde, 11 avril 1984).

Inspiré des Autochromes Lumière, Un dimanche à la campagne, est construit en une suite de tableaux délicats. Chronique du temps suspendu des rituels dimanches en famille, le film est empli d’une douce mélancolie. La belle photographie de Bruno de Keyzer sublime des acteurs remarquables de justesse et d’émotion : Louis Ducreux, en père éperdu d’amour pour sa fille Sabine Azéma, tornade radieuse et cristalline.

Au Festival de Cannes 1984, Un dimanche à la campagne remporte le Prix de la mise en scène. John Huston, placé derrière Bertrand Tavernier lors de la cérémonie de remise des prix, lui glisse : « Great kid ! Je suis fier de toi… ».