Un triomphe

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Un triomphe, second film d’Emmanuel Courcol après Cessez-le-feu (2016), est librement inspiré d’une histoire vraie : celle du metteur en scène suédois Jan Jönson, qui, en 1985, monta En attendant Godot dans la prison de haute sécurité de Kumla, puis devint l’ami de Beckett dont il continua à mettre en scène les œuvres en milieu carcéral. Ancien acteur et scénariste (notamment pour Philippe Lioret), Emmanuel Courcol a transposé cette histoire dans la France d’aujourd’hui. Il y a vu une fable optimiste et chaleureuse. « Je n’ai pas envie de faire un cinéma désespérant, même quand il traite d’une réalité sombre, expliquait-il en mai 2020. Tant qu’il y a de l’humain, un rayon de lumière est toujours envisageable. Avec mes producteurs, nous sentions tout le potentiel émotionnel, comique et dramatique de cette bande de détenus "à des années-lumière de Beckett" comme le dit Étienne dans le film, mais au fond beaucoup plus proches qu’on ne pouvait l’imaginer de l’univers d’En attendant Godot. C’est vrai que la pièce résonne de façon incroyable pour des prisonniers. Le vide, l’absence, l’attente, la vacuité totale, le désœuvrement, c’est leur quotidien. »

Le cinéaste s’est abondamment documenté, notamment en suivant des ateliers en milieu carcéral ayant débouché sur des spectacles publics, et ce travail a nourri les personnages, comme celui de la directrice de prison, interprétée par Marina Hands. Kad Merad donne à Étienne, le personnage principal, l’empathie nécessaire pour qu'on se passionne pour son travail, mais aussi une certaine ambiguïté : c’est son accomplissement, sa revanche qu’il recherche, autant que l’épanouissement de ses protégés. Autour de lui, des acteurs remarqués à l’écran ou à la scène, comme Pierre Lottin (Les Tuche), Sofian Khammes (Chouf) ou David Ayala (repéré au théâtre dans les mises en scène de Dan Jemmett). À noter : quelques scènes ont été tournées dans l’agglomération lyonnaise.