Roberto Rossellini déclarait souvent qu’il était très attaché à Voyage en Italie : « C’était très important pour moi de montrer l’Italie. Montrer Naples, cette atmosphère étrange à laquelle se trouve mêlé un sentiment très réel, très immédiat, très profond, le sentiment de la vie éternelle. C’est quelque chose qui a complètement disparu du monde. » (Cahiers du cinéma n° 37, juillet 1954). Beaucoup de scènes d’extérieur ont été tournées dans le port et les ruelles de la ville, la caméra dissimulée dans un camion, faisant participer les Napolitains à leur insu. On retrouve donc le naturel et la turbulence des Italiens, dont Rossellini disait qu’ils étaient « les meilleurs comédiens du monde ».
Dans son portrait d’un couple désuni, Rossellini ne concède rien au romanesque, ni au romantisme. Sa vision du couple est nouvelle. Le cinéaste est alors considéré comme fini et son actrice, Ingrid Bergman (qu’il a épousée après une relation adultère qui défraya la chronique), est détestée de tous les Italiens ; le film reçoit une volée de bois vert de ses détracteurs. Pourtant Voyage en Italie préfigure les futurs bouleversements narratifs du cinéma. À l’époque, il n’y eut guère que les Cahiers du cinéma pour le soutenir. Jacques Rivette y écrit qu’il lui « semble impossible de voir Voyage en Italie sans éprouver de plein fouet l’évidence que ce film ouvre une brèche, et que le cinéma tout entier doit y passer sous peine de mort ». (Cahiers du cinéma n°46, avril 1955). Jean-Luc Godard est également admiratif : « Dans l’histoire du cinéma, il y a cinq ou six films dont on aime à ne faire la critique que par ces seuls mots : “C’est le plus beau des films !” […] Pourquoi parler, en effet, plus longuement de Tabou, Voyage en Italie ou du Carrosse d’or ? Comme l’étoile de mer qui s’ouvre et se ferme, ils savent offrir et cacher le secret d’un monde dont ils sont à la fois l’unique dépositaire et le fascinant reflet. » (Cahiers du cinéma n°85, juillet 1958)
Voyage en Italie (Viaggio in Italia)
Italie, France, 1954, 1 h23, noir et blanc, format 1.33
Réalisation : Roberto Rossellini
Scénario : Roberto Rossellini, Vitaliano Brancati
Photo : Enzo Serafin
Musique : Renzo Rossellini
Montage : Jolanda Benvenuti
Décors : Piero Filippone
Costumes : Fernanda Gattinoni
Production : Adolfo Fossataro, Alfredo Guarini, Roberto Rossellini, Italia Film, Junior Film, Sveva Film
Interprètes : Ingrid Bergman (Katherine Joyce), George Sanders (Alexander Joyce), Maria Mauban (Marie), Anna Proclemer (la prostituée), Jackie Frost (Betty), Paul Muller (Paul Dupont), Leslie Daniels (Tony Burton)
Sortie en Italie : 7 septembre 1954
Sortie en France : 24 décembre 1954
Ressortie au second semestre 2021
Restauration numérique de la version en anglais du film réalisée à partir des négatifs image et son originaux et un marron d'époque conservés à Cinecittà Digital Factory. Restauration numérique de l'image effectuée en résolution 2K par la Cineteca di Bologna au laboratoire L'Immagine Ritrovata en 2012.
Distribution : Bac Films
Suivi de (pour la séance du 18/10)
Mon père a 100 ans de Guy Maddin (My Dad is 100 Years Old, 2005, 17min)
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